Véritable monument du syndicalisme québécois, Michel Chartrand est décédé d'un cancer, lundi soir, à l'âge de 93 ans. Et tant dans le milieu syndical que politique, on a louangé son dévouement et sa passion.

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Michel Chartrand a marqué plusieurs décennies de l'histoire syndicale et sociale du Québec. Tout au long de sa vie, il s'est battu pour les travailleurs, les démunis, les exploités et les accidentés du travail.

Syndicalistes

"Michel, ça a été un grand prophète, ça a été quelqu'un qui a porté le message très haut, très clair, compris à la fois par ceux qui étaient visés comme par celles et ceux que ça concernait", a résumé en entrevue Gérald Larose, l'ancien président de la CSN aujourd'hui président du Conseil de la souveraineté. "Ca a été un géant à sa manière."

"Il remplissait une mission que peu d'hommes ont remplie à son époque et que personne ne remplit aujourd'hui. Michel, ça a été depuis 1949 quelqu'un qui a fait en sorte que les hommes et les femmes se sont mis debout. Il nettoyait la 'canisse', il nous nettoyait la boîte à poux pour qu'on se désaliène et qu'on apprenne à marcher, qu'on apprenne à se solidariser et qu'on apprenne à transformer notre réalité", a résumé M. Larose, qui l'a côtoyé pendant de nombreuses années à la CSN.

Actuelle présidente de la CSN, Claudette Carbonneau dépeint Michel Chartrand comme un syndicaliste qui avait atteint "un statut quasiment mythique".

Avec lui, dit-elle, "c'est toute une époque au cours de laquelle l'action syndicale s'est inspirée de l'anarcho-syndicalisme qui prend fin".

Le président de la Centrale des syndicats du Québec, Réjean Parent, a relevé l'action de Michel Chartrand, à l'opposé du courant de droite qu'il décèle trop souvent à son goût. "En cette époque où les vents de droite sont dominants, ce décès nous rappelle que la sympathie envers les plus démunis et la solidarité sociale ont permis de construire le Québec d'aujourd'hui."

La Fédération interprofessionnelle de la santé a aussi vu en lui "un des plus grands leaders syndicaux qu'a connu le Québec".

Le président de la Fédération des travailleurs du Québec, Michel Arsenault, a louangé le dévouement de Michel Chartrand. "On a bien sûr connu des divergences sur la façon de mener nos combats, mais un homme qui dédie sa vie entière à la défense des travailleurs, des pauvres, des chômeurs et des accidentés du travail ne peut qu'inspirer les jeunes et les moins jeunes dans leur détermination à construire une société basée sur la justice sociale, sur une juste répartition de la richesse."

Dirigeants politiques

Le premier ministre du Québec, Jean Charest, s'est dit "fasciné par le personnage" de Michel Chartrand.

"C'est un homme très coloré, mais aussi qui a porté un message important pour les travailleurs du Québec. Il a fait une contribution très, très importante à l'évolution des droits des travailleurs au Québec", a affirmé le premier ministre, au cours d'une rencontre avec la presse.

La chef péquiste Pauline Marois a aussi salué en Michel Chartrand "le "souverainiste de longue date qui a beaucoup donné de son temps et de sa parole pour promouvoir la cause nationale".

Elle a également relevé "son combat pour faire reconnaître le français comme langue de travail", en plus de ses combats pour les accidentés du travail et pour les travailleurs.

Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, qui a aussi travaillé pour la CSN avant de faire le saut en politique, le dépeint comme "un homme de principe, un homme révolté contre l'injustice", un homme "qui avait des principes, qui était croyant".

Le maire de Montréal, Gérald Tremblay, a rendu hommage à Michel Chartrand, "cet homme qui a su faire bouger les choses, dans le respect de l'égalité, de la solidarité et de la démocratie".

En entrevue, sa fille, Suzanne G. Chartrand, l'a décrit comme un homme très sensible "malgré ses allures un peu brusques".

Drôle, généreux et imprévisible, "il pouvait arriver les bras chargés de cadeaux un 8 novembre ou un 10 juillet, sans raison apparente, seulement parce qu'il avait le goût de nous faire plaisir", rapporte sa fille.

Elle admet qu'on a souvent dépeint son père de manière caricaturale, comme un homme plutôt irrévérencieux, portant des chemises à carreaux. "J'ai trouvé que c'était très injuste, parce qu'il était loin d'être son personnage", raconte sa fille. Et même s'il échappait un "sacre" de temps en temps, il était aussi un amoureux et un grand défenseur de la langue française, se rappelle-t-elle.

La dépouille de Michel Chartrand sera exposée mercredi, jeudi et vendredi, a précisé sa fille Suzanne. Ses funérailles auront lieu samedi à l'église Saint-Antoine-de-Padoue, de Longueuil.