L'eau virtuelle

Publié le 01/04/2009 à 05:00

L'eau virtuelle

Publié le 01/04/2009 à 05:00

Par lesaffaires.com

L'eau virtuelle

Qu'il s'agisse d'un steak, d'un chandail ou d'un ordinateur, l'eau n'est pas visible dans le produit que l'on achète. Pourtant, de grandes quantités d'eau auront été nécessaires à sa production. En fait, on définit l'eau virtuelle comme « l'eau nécessaire à la production d'un bien ». Produire une tonne de céréales, par exemple, requiert 1 000 mètres cubes d'eau. Cette eau peut provenir de différentes sources : les nappes phréatiques, les cours d'eau, la pluie ou encore l'humidité du sol. Comme on l'observe sur le premier graphique, l'eau sert principalement à des fins agricoles, une activité économique particulière en raison de son rôle dans l'alimentation. C'est pour cette raison que les calculs d'eau virtuelle portent surtout sur les produits agricoles.

En précisant les données, on se rend compte que les différents types d'alimentation fortement associés au niveau de vie auront des besoins différents en ressources hydriques. Par exemple, le régime alimentaire nord-américain dans lequel les protéines animales occupent une place importante exigera une quantité d'eau plus élevée, estimée à 5,4 mètres cubes par jour. À l'inverse, un régime végétarien ne requiert que 2,6 mètres cubes d'eau par jour.

L'empreinte en eau

Enfin, un régime de subsistance qui permet de répondre aux besoins nutritionnels de base nécessite un mètre cube d'eau. Le tableau 2 montre la quantité d'eau nécessaire à la production de certains produits de consommation courante. On peut également utiliser l'indicateur de l'eau virtuelle pour calculer l'empreinte moyenne en eau des habitants d'une nation. Ces mesures doivent toutefois être nuancées, puisqu'elles dépendent non seulement de la consommation humaine mais aussi très fortement des con-ditions climatiques. Il reste que l'empreinte exprimée en eau permet de mettre en évidence des échelles de grandeur qui confirment l'iniquité dans la répartition des ressources entre les pays développés et les pays en développement (voir le tableau 3).

Plus qu'un simple indicateur, le calcul de l'eau virtuelle nous rappelle qu'à de nombreux endroits dans le monde, on exploite l'eau au-delà de sa capacité de renouvellement. On estime que 1,4 milliard d'êtres humains vivent dans des bassins où les besoins en eau des écosystèmes sont insatisfaits. Plusieurs fleuves, comme le Colorado ou le Huang He, ne se rendent plus à la mer à certaines périodes de l'année. Cette situation s'explique par la forte consommation d'eau dans le monde, qui est maintenant sept fois plus élevée qu'elle ne l'était au début du 20e siècle. Si la majorité des citoyens sont conscients de la quantité d'eau qu'ils utilisent pour leurs besoins domestiques, l'eau requise pour produire les biens qu'ils consomment est beaucoup moins connue. Pourtant, l'utilisation de l'eau dans la production agricole est de loin la plus grande responsable du problème que pose la surexploitation de l'eau.

L'essence de la vie

L'eau est une ressource particulière : elle est essentielle à la vie et au maintien des écosystèmes qui assurent un habitat aux différentes espèces, à la production de biomasse et au transport de nutriments. L'eau permet aussi la production agricole et industrielle. Nous devons nous assurer que ces emplois productifs de l'eau ne compromettent pas les besoins de base des êtres humains et des écosystèmes. L'empreinte en eau et l'eau virtuelle constituent des indicateurs intéressants pour orienter nos choix de façon à réduire notre consommation d'eau, et donc, à réduire la pression exercée sur cette ressource.

Pour calculer son empreinte personnelle en eau :
www.waterfootprint.org/?page=cal waterfootprintcalculator_indv_ext

 François Décary-Gilardeau et Lysiane Roch
Adjoints de recherche à la Chaire de responsabilité sociale et de développement durable - UQAM

 

TABLEAU 1
Usage de prélèvements de l'eau (en milliards de litres)
Usage domestique 350
Agriculture 2 500
Industrie 750
Source :  Laserre et Descroix, 2002

TABLEAU 2
Empreinte en eau virtuelle (en litres)

 1 kg de bœuf                          15 500
 1 kg de fromage                      5 000
 1 kg de poulet                          3 900
 1 chandail de coton                2 700
 1 hamburger                            2 400
 1 kg de sucre                           1 500
 1 kg de blé                                1 300
 1 kg de maïs                                900
 1 café                                            140
 1 verre de bière                             75
 1 pomme                                       70
 1 tranche de pain                         40
 1 thé                                                30
 1 feuille de papier                        10
Source :  waterfootprint.org

 

TABLEAU 3
Empreinte en eau nationale (en milliers de litres)
(moyenne par personne par année)

 États-Unis                              2 483
 Canada                                   2 049
 France                                     1 875
 Russie                                    1 858
 Brésil                                       1 381
 Moyenne                                 1 243
 Inde                                             980
 Haïti                                             848
 Chine                                          702
Source :  waterfootprint.org

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