Qu'ont en commun le biodiesel, la digestion anaérobie des déchets et les panneaux de biopolymères que l'on retrouve de plus en plus dans les voitures ? Ce sont tous des bioproduits industriels, un secteur en plein essor qui découle de l'application des biotechnologies au secteur industriel. "L'impact de ces produits est de plus en plus visible dans des secteurs comme l'aéronautique, la construction, l'automobile et l'industrie chimique, qui cherche à remplacer le pétrole comme l'une de ses matières de base", explique Michel Desrochers, directeur de l'Institut de recherche en biotechnologie du CNRC (Conseil national de recherches Canada). M. Desrochers est l'un des organisateurs de la conférence Biop, qui aura lieu les 5 et 6 novembre prochain à Montréal, où sont d'ailleurs situés les bureaux de l'IRB. Ce secteur approche selon lui d'une masse critique, qui va lui permettre de s'affranchir du milieu académique pour ôtre embrassé par l'industrie. "Les Européens ont une longueur d'avance sur nous, et les Américains ont commencé à investir des ressources très importantes dans cette filière. Mais si cette industrie est encore jeune au Canada, on possède des ressources, notamment en biomasse, qui nous positionne bien", croit M. Desrochers. L'Ouest du pays, avec ses ressources agricoles colossales, commence à s'intéresser davantage au biodiesel et à la production de biofibres de très haute qualité à partir du lin et du chanvre. "Au Québec, nous avons accès à une biomasse forestière abondante, une ressource qui contrairement à certaines biomasses agricoles n'entre pas en compétition avec la nourriture humaine", poursuit M. Desrochers, qui fait ici allusion à l'éthanol fabriqué à partir de maïs. Il cite notamment l'entreprise québécoise Enerkem, qui fabrique de l'éthanol cellulosique avec des vieux poteaux de téléphone et des matières résiduelles, par exemple, comme l'une de celles qui pourraient tirer leur épingle du jeu. Mais tout le potentiel de ces bioproduits, on peut s'attendre à le réaliser à court ou à long terme ? "D'ici dix ans, les coûts de production de l'éthanol cellulosique devraient ôtre diviser en trois, et donc compétitifs avec le prix de l'essence. Le biodiesel et les panneaux de biopolymères seront également beaucoup plus utilisés qu'aujourd'hui", estime M. Desrochers. Selon lui, le gouvernement et le secteur privé doivent se concerter afin de donner l'impulsion nécessaire à cette filière au Canada. "C'est d'ailleurs pour cette raison qu'on a invité des experts européens et américains à Biop. De cette manière, on pourra s'inspirer des modèles d'encouragement et d'accessibilité qui ont été mis sur pied dans ces pays, et ainsi enrichir notre approche", conclut-il. Pour aller plus loin : http://www.biop.ca/ Conférence Biop (Informations: Mireille Laroche 514.276.9038) http://www.irb-bri.cnrc-nrc.gc.ca/home/index_f.html Institut de recherche en biotechnologie du CNRC