Trois ans après l'ouverture du premier restaurant-bar La Station des Sports à Montréal, l'homme d'affaires Peter Sergakis ambitionne d'imposer rapidement dans la province son concept " unique ". Et il prend les grands moyens pour y parvenir, dont un investissement de 20 millions de dollars pour ouvrir une 5e succursale et agrandir ses trois premières.
" Ce sont des grandes surfaces où les gens viennent pour se désennuyer en regardant du sport ", résume Peter Sergakis, unique actionnaire de son entreprise, Placements Sergakis (propriétaire de 145 immeubles et d'une douzaine de restaurants et de bars).
Pour offrir de bas prix, il mise sur le volume. Ses restaurants peuvent en effet compter jusqu'à 1 000 places, ce qui est rare, indique l'Association des restaurateurs du Québec. Dans la province, la moyenne est de 85 couverts. Les restaurants La Cage aux Sports peuvent accueillir 275 personnes.
Chaque Station des Sports exige un investissement de 300 000 $ en équipement audiovisuel. Comme dans les Cage aux Sports, où la facture pour le matériel électronique grimpe en moyenne à 250 000 $, à peu près tous les sports peuvent y être suivis : de la lutte au baseball en passant par le hockey. " Ça nous coûte une fortune, mais ça attire la clientèle ", a dit aux Affaires Peter Sergakis, un bourreau de travail d'origine grecque qui aura bientôt 65 ans.
Le Groupe Sportscene, qui exploite la Cage aux Sports, tient à l'oeil ce nouveau concurrent. " Il y a une recrudescence du nombre de bars et de restaurants associés au sport. Les gens veulent profiter de l'engouement pour les événements sportifs. Nous devons surveiller cela de près, comme l'arrivée de Boston Pizza il y a cinq ans ", affirme Jean Bédard, président et chef de la direction.
L'argent n'est pas un problème
Dès l'ouverture de la première Station des Sports, son propriétaire n'a pas caché son intention de bâtir une chaîne semblable à La Cage aux Sports. Mais il s'inspire surtout du Real Sports Bar & Grill de Toronto, fait-il remarquer. Depuis, l'expansion s'effectue au rythme de ses acquisitions immobilières. Le financement " n'est pas un problème, soutient Peter Sergakis. J'ai les ressources nécessaires, je suis dans l'immobilier depuis 48 ans. "
L'entrepreneur tient à être propriétaire des immeubles dans lesquels se trouvent ses restaurants, parce que cela lui évite de subir des hausses de loyer déraisonnables et qu'il n'enrichit pas quelqu'un d'autre lorsqu'il effectue des améliorations locatives, explique-t-il.
Pour l'aider dans le marketing et le développement de sa nouvelle marque, Peter Sergakis a recruté Herman Alves, ex-directeur du développement des affaires chez Telus et restaurateur. " Je lui ai dit que son logo n'en était pas un. Que c'était désastreux ! " Maintenant qu'une nouvelle image de marque a été créée, Herman Alves travaille à standardiser l'expérience-client dans les quatre restaurants. Il envisage d'ailleurs la création d'une cuisine centrale.
Expansion
Entre-temps, il prépare l'ouverture de la 5e Station des Sports, dans l'ancien restaurant Newport du boulevard Taschereau, à Brossard. L'établissement, qui emploiera 300 personnes, sera inauguré en juillet.
À ces projets s'ajoute l'agrandissement des deux Station des Sports sur la rue Sainte-Catherine. Pour des raisons de réglementation, les " rallonges " doivent porter un autre nom - en l'occurrence Sports Direct - ce qui risque de prêter à confusion. Dans l'Ouest, Peter Sergakis a maille à partir avec les résidents du secteur qui s'opposent à son projet, mais il a réussi à empêcher la tenue d'un référendum sur la question.
Quant à l'agrandissement du restaurant de Saint-Léonard, dans le nord-est de Montréal, il sera terminé à l'automne.
" Je passe 80 % de mon temps à parcourir la province à la recherche d'immeubles à acheter ", ajoute Herman Alves, en précisant qu'il évalue des occasions d'affaires à Laval, à L'Île-Perrot, à Longueuil, à Repentigny et à Mirabel.
1 000 Les restaurants La Station des Sports comptent jusqu'à 1 000 places. À titre de comparaison, ceux de La Cage aux sports peuvent accueillir jusqu'à 275 personnes.
marie-eve.fournier@transcontinental.ca
