Visiblement choqués par la scène, plusieurs actionnaires n'ont pu s'empêcher de souligner leur désapprobation à la direction. Ce fut le cas, entre autres, de François Meloche, gestionnaire risques extra-financiers, de Bâtirente, gestionnaire de régimes de retraite collectifs, associé à la CSN.
D'abord venu pour promouvoir auprès de la direction l'idée de produire un rapport de développement durable, M. Meloche n'a pu cacher son étonnement. «Voir un actionnaire se faire répondre de cette manière est quelque chose que je n'ai jamais vue. Et croyez-moi, j'en ai vu des assemblées d'actionnaires dans ma vie.»
C’est à ce moment que l’octogénaire, Arthur Dubé, s’est dirigé vers le microphone. «Je souhaiterais à l’avenir qu’on prenne la peine de répondre aux questions qui sont posées.»
Ce à quoi Alain Bouchard a répliqué ne pas croire que la syndicalisation de certains de ses magasins – «sept sur un total de 12 000» , a-t-il insisté – devait être discuté à l’assemblée annuelle des actionnaires. «C’est un endroit pour poser des questions, pas pour faire un éditorial», a-t-il expliqué ensuite aux journalistes, ajoutant tout de même avoir bien pris note des commentaires entendus.
À la sortie de l’assemblée, dans le hall de l’hôtel Holiday Inn du boulevard Carrefour, à Laval, M. Dubé ne décolérait pas. «Je ne veux pas prendre parti pour la syndicalisation ou pour le patronat, vous savez. Mais ils faut répondre aux questions. Cela m’offusque qu’on ne réponde pas aux questions des employés, surtout pour une entreprise comme Couche-Tard qui en compte 18 000 employés. Il faut être respectueux, il faut être poli avec eux.»
De son côté, Sylvie Joly, ne comprenait toujours pas que la direction de l'entreprise ait voulu ainsi exclure la question de la syndicalisation de ses employés de l'ordre du jour de son assemblée annuelle. «Je suis désolée, mais c'est le bon endroit pour en parler. Surtout lorsque cette même entreprise clâme que les employés sont sa plus grande ressource.»