Le gouvernement canadien a choisi de sortir l'artillerie lourde pour répondre aux inquiétudes suivant l'attentat raté dans un avion aux Etats-Unis le jour de Noël.

D'ici deux mois, pas moins de 11 aéroports canadiens majeurs seront munis de scanners corporels permettant de voir à travers les vêtements des voyageurs. Le ministre fédéral des Transports, John Baird, devrait confirmer cette mesure, dont la facture s'annonce salée, en milieu d'après-midi mardi.

Une source interne au ministère a déclaré qu'un total de 45 scanners produisant des fouilles à nu virtuelles seront éventuellement mis en place dans les aéroports du pays. Le coût de chacun de ces appareils s'élève à 200 000 $.

Ce plan fait écho à la récente tentative d'un Nigérian de faire sauter un avion au-dessus de l'Etat américain du Michigan, à l'aide d'explosifs cousus dans ses sous-vêtements.

Le système de scanner, testé en Colombie-Britannique à l'aéroport de Kelowna, permet aux agents de voir si des passagers transportent sur eux des explosifs ou d'autres objets dangereux.

La mesure fait l'objet d'une controverse parce que les scanners créent une image tridimensionnelle du contour du corps nu des voyageurs. Les appareils ont malgré tout obtenu l'aval du bureau du Commissariat à la protection de la vie privée.

Entrevue téléphonique Chantal Bernier, commissaire adjointe à la protection de la vie privée du Canada indique que l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien (ACSTA) a répondu à plusieurs de leurs inquiétudes, notamment en assurant que l'anonymat du voyageur sera respecté.

Elle explique que la procédure est dicrète puisque l'agent qui voit l'image est dans une pièce fermée où il ne peut apporter aucune technologie qui pourrait diffuser l'image saisie.

L'ACSTA a également fait la preuve, selon Mme Bernier, que le nouveau système était non seulement nécessaire, mais qu'il était également efficace pour détecter des explosifs non-métalliques.

Dans un autre ordre d'idée, l'implantation du nouveau système de sécurité pose des questions quant à une éventuelle lourdeur des procédures à l'aéroport. Une firme indépendante chargée d'évaluer l'efficacité du projet pilote de Kelowna avait en effet conclu que les fouilles avec le scanneur à ondes millimétriques nécessitaient plus de temps que les fouilles traditionnelles.