Airbus envisage d'abandonner son programme A400M, qui a effectué son vol inaugural en décembre après de nombreux retards dans le calendrier, a-t-on appris mardi auprès d'un responsable de l'avionneur européen. Lancé en 2003, ce projet d'avion de transport militaire totalise 184 commandes émanant de huit pays (Allemagne, Belgique, Espagne, France, Luxembourg, Malaisie, Royaume-Uni et Turquie) après avoir souffert de nombreux retards et dépassements de coûts.
Un porte-parole d'Airbus, Stefan Schaffrath, a confirmé que l'abandon du programme "est un scénario" envisagé par l'avionneur. Le groupe a préparé une liste d'ingénieurs travaillant sur l'A400M et qui pourraient être transférés sur des programmes civils. Il a exhorté les gouvernements impliqués dans le programme à trouver une solution sur sa poursuite éventuelle d'ici la fin du mois.
Un porte-parole du syndicat IG Metall, Bernhard Stiedl, a confirmé mardi que l'hypothèse d'un abandon était envisagée. Le président d'Airbus Tom "Enders m'a lui-même dit qu'il envisageait sérieusement de se retirer de l'A400M. Il a dit que le projet ne pouvait pas être rentable", a-t-il expliqué.
Le programme devait au départ coûter 20 milliards d'euros, mais selon un rapport préliminaire du cabinet d'audit PriceWaterhouseCoopers, EADS aura probablement besoin de cinq milliards d'euros supplémentaires, ce qui alourdira la facture de 25%, selon une source proche du dossier.
Les ministres de la Défense de sept pays avaient accepté en juillet 2009 de renégocier leur contrat après qu'EADS a laissé passer la date-butoir du 31 mars pour le vol inaugural. Confrontés à des problèmes de trésorerie, les gouvernements rechignent à débourser davantage pour les avions et les négociations n'ont pas permis pour l'instant de parvenir à un compromis. EADS espère que les pays intéressés feront un choix entre soit payer davantage pour les appareils, soit réduire le nombre d'avions commandés.
"Nous ne voulons pas que l'A400M prenne fin. Au lieu de ça, nous proposons que le budget reste de 20 millions d'euros et que les pays ayant commandé l'A400M prennent moins d'avions pour l'instant", a noté M. Stiedl. "Ce serait la meilleure solution pour tous et cela sauverait 40.000 emplois potentiels en Europe".
Il en coûterait 5,7 milliards d'euros à EADS d'abandonner son programme, une somme correspondant aux avances que le groupe devrait reverser aux gouvernements
