"Sans une action vigoureuse de la Banque centrale européenne, la zone euro pourrait bientôt perdre sa capacité à contrôler la panique sur les marchés", estime Christian Schulz, économiste pour la banque Berenberg.
Erik Nielsen de Unicredit prédit lui que si la situation ne se stabilise pas d'elle-même, "la BCE interviendra avant la fin de la semaine".
Ce qu'elle doit faire, c'est racheter à nouveau de la dette publique, au moins pour une période temporaire, le temps que le futur fonds de secours européen MES puisse effectivement prendre le relais, juge Marie Diron, économiste pour le cabinet de conseil Ernst&Young.
"L'Espagne montre qu'elle fait tous les efforts imaginables donc il est possible pour la BCE d'agir" pour lui porter secours, ajoute-t-elle.
Selon Christian Schulz, l'institution monétaire de Francfort, pour calmer la spéculation, devra en outre envoyer "un signal fort" en affichant un objectif clair au-delà duquel elle ne laissera pas se creuser les écarts de taux entre les pays en difficulté et l'Allemagne, référence en zone euro.
Mais la BCE est-elle prête à entendre ces appels alors que ce programme - adopté en mai 2010 à contrecœur sous pression des dirigeants européens face à la détérioration de la situation grecque - suscite la zizanie dans ses propres rangs ? La Banque centrale allemande ou celle des Pays-Bas par exemple considèrent qu'il revient à financer les États, ce qui est interdit à la BCE par les traités.
Dans un entretien au Monde ce week-end, le président de la BCE, Mario Draghi, a rappelé la répartition des rôles au sein de la zone euro: aux gouvernants de résoudre leurs problèmes financiers, à la BCE d'assurer la stabilité des prix et de contribuer à la stabilité du système financier en offrant les liquidités nécessaires aux banques.
Mais il a aussi dit que "la préservation de l'euro fait partie de notre mandat", et que pour y parvenir, "nous sommes très ouverts et n'avons pas de tabous", laissant la voie ouverte à toutes les spéculations.