Le couperet n'est toutefois pas passé très loin : l'évolution exacte du PIB français par rapport au premier trimestre est en fait de -0,045%, un chiffre arrondi à zéro conformément aux règles statistiques. Et plusieurs économistes pensent que l'entrée en récession est seulement repoussée à plus tard.
«Nous ne sommes pas à l'abri de ça», a reconnu Pierre Moscovici.
Le ministre a maintenu la prévision gouvernementale d'une croissance de 0,3% cette année. Pour 2013, sans revenir sur ses objectifs, il a admis que la tâche serait ardue. «Soyons clairs, il y a une prévision aujourd'hui qui est de 1,2%, elle n'est pas de 0%, ce qui suppose que nous travaillions durement au retour de la croissance», a prévenu Pierre Moscovici.
Le gouvernement a tout intérêt à y parvenir. Un ancrage dans la stagnation le contraindrait sinon à durcir encore davantage sa cure de rigueur pour ramener le déficit public à 3% du PIB l'an prochain.
Le patron de Bercy veut voir dans le léger rebond de l'investissement (+0,6% au deuxième trimestre après -0,8% au premier) et dans la reconstitution des stocks des entreprises des signes "raisonnablement positifs" pour l'avenir.
Mais de nombreux indicateurs sont au rouge. Les dépenses de consommation des ménages ont reculé au printemps (-0,2% après +0,2%), la production de biens et services a stagné et le commerce extérieur continue de plomber l'activité, avec des importations en nette accélération (+1,8% après +0,6%) et des exportations encore peu dynamiques (+0,2% après +0,1%).
Résultat de cette atonie, 11700 emplois marchands ont été détruits au deuxième trimestre en France, selon l'Insee. Autant de détails qui «confirment un sombre tableau de l'activité française», estime Tullia Bucco, économiste de la banque Unicredit, qui table sur une contraction du PIB au troisième trimestre, «avant une reprise progressive vers la fin de l'année».
«Le problème ce sera, au second semestre, le pouvoir d'achat des ménages», rogné par le chômage et les hausses d'impôt, prévient Pierre-Olivier Beffy. Selon lui, les Français risquent de devoir bientôt renoncer à certaines dépenses, ce qui affaiblira encore plus la croissance.