Les économies de l'ombre élargissent leur spectre

Publié le 16/08/2010 à 10:24, mis à jour le 18/10/2013 à 11:46

Les économies de l'ombre élargissent leur spectre

Publié le 16/08/2010 à 10:24, mis à jour le 18/10/2013 à 11:46

L’économie de l’ombre du Canada s’accentue de façon constante depuis 1996, selon une étude du professeur autrichien Friedrich Schneider, spécialiste en la matière.

Établie à 14,4 % du produit intérieur brut (PIB) canadien en 1996, la proportion a bondi à 16 % en 2000 puis à 16,5 % en 2007.

PLUS - À écouter : podcast avec M. Schneider sur les causes et les impacts des économies de l'ombre sur les marchés mondiaux.

Les économies de l’ombre — qui englobent des activités qui ne sont pas nécessairement illégales, mais qui ne sont pas déclarées au gouvernement — représentaient 34,5 % du PIB mondial entre 1999 et 2007, selon le rapport de M. Schneider.

Intitulée Shadow Economies all over the World : New Estimates for 162 Countries from 1999 to 2007, l’étude peint un portrait sombre des économies parallèles aux quatre coins de la planète.

Au Mexique, par exemple, la moyenne s’établissait à 30,2 % entre 1999 et 2007. La Bolivie (68,1 %) et la Géorgie (68,8 %) remportent toutefois la palme des plus importantes économies de l’ombre.

Un portrait réaliste

De telles proportions ne sont pas alarmantes, répond d’emblée Eckhard Siggel, professeur à l’Université Concordia spécialisé en économie de développement et internationale.

« Ces estimations ne sont pas difficiles à accepter, dit-il. Ici, une telle économie existe parce que les citoyens veulent éviter les taxes. Par contre, en Bolivie et en Géorgie, c’est en raison d’un système peu développé. »

Dans de tels marchés, plusieurs personnes vendent, par exemple, des objets dans la rue. L’État n’a donc aucun moyen de leur soutirer des taxes, ajoute le professeur Siggel.

Du côté de l’Inde, où la moyenne de l’économie informelle est de 24 % du PIB, c’est le secteur agricole qui pose problème. Un secteur où des millions de travailleurs indiens gagnent leur pain, note Eckhard Siggel

« Au Canada, on voit ce phénomène dans plusieurs secteurs, dont celui du textile où plusieurs travailleurs sont engagés en dessous de la table. Idem pour les services de gardiennage à domicile, les femmes de ménage et les professeurs de musique. »

Moins de taxes = moins d’ombre

Alors que la moyenne de l’économie informelle canadienne s’élevait à 16,3 % du PIB entre 1999 et 2007, celle des États-Unis, le plus grand partenaire commercial du Canada, n’était que de 8,8 %.

Une telle disproportion n’est pas surprenante, d’après M. Siggel. « Les taxes sont moins élevées aux États-Unis. Plus le système de taxes est lourd, comme au Canada, plus il y a de migration vers secteur informel. »

Le professeur Schneider abonde dans le même sens dans son rapport, écrivant que c’est l’une des causes principales des économies de l’ombre.

Par ailleurs, une récession n’a rien pour améliorer le sort des économies de l’ombre. « Les gens se cherchent des emplois officieux pour pouvoir payer leurs comptes. On y va donc par tous les moyens lorsqu’on n’a pas le choix », dit-il.

Le professeur Siggel voit une option pour contrer ce fléau : la normalisation du secteur informel. Les Pays-Bas l’ont fait pour la marijuana, d’autres pays l’ont fait en légalisant les jeux de hasard.

Une telle normalisation ne va pas toutefois sans susciter de vif débat…

Pièce jointe : le rapport de M. Schneider

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