Êtes-vous financièrement prêt à vous séparer?

Publié le 04/11/2015 à 09:12

Êtes-vous financièrement prêt à vous séparer?

Publié le 04/11/2015 à 09:12

Par Philippe Jean Poirier

Quand on sait que plus de 50 % des mariages se soldent par un divorce, il est important de songer à sa propre autonomie financière, même lorsqu’on est en couple...

Boyan Ivanov, planificateur financier chez BMO, confirme qu’il s’agit d’une réelle préoccupation au sein des couples : « L’autonomie financière est discutée relativement souvent. Mais je vous avouerai que ça ne se fait pas lors des rencontres conjointes. Les clients abordent le sujet au moment de rencontres individuelles. » On comprend pourquoi.

Le premier conseil de Boyan Ivanov est de faire un budget : « Quand on encourage un couple à faire un budget, ça donne tous les outils pour délimiter l’indépendance financière de chacun. »

On peut alors choisir une façon de gérer ses finances de manière éclairée. Le planificateur financier donne l’exemple d’un modèle où les dépenses du ménage sont assumées à partir d’un compte conjoint, auquel chacun contribue en proportion de ses revenus.

« L’avantage de ce modèle, explique le planificateur, est que chacun se sent pleinement en participation dans les dépenses de l’unité familiale. Par la suite, tout ce qui reste dans les comptes individuels donne la marge de manœuvre pour développer ses propres finances, par exemple si on a besoin d’acheter quelque chose sans nécessairement consulter son conjoint. »

Cette approche apparaît salutaire aux yeux de Jean-François Chabot, avocat et médiateur familial à temps plein. Le médiateur croit d’ailleurs que le plus grand facteur de réussite d’une séparation, c’est « la connaissance qu’ont les gens de leurs propres finances, de leur propre budget et de leur propre rythme de vie. »

« C’est la seule façon pour une personne de savoir si elle est capable de subvenir seule à ses besoins, ou si elle a besoin du soutien de l’autre. »

L’union qui change tout

Évidemment, le type d’union choisi par un couple a une incidence directe sur la capacité de chacun des conjoints à maintenir son autonomie financière.

Dans le cas d’un mariage, il existe à la base un certain nombre de protections légales. Par exemple, le patrimoine familial sera réparti également au moment de la séparation.

Ces dispositions ne sont pourtant pas connues de tous, constate Jean-François Chabot. « Je vois des gens qui sont surpris de devoir céder une partie de leurs REER, alors qu’ils sont mariés… Et inversement, je rencontre des conjoints de fait qui croient qu’ils ont droit à une partie de la maison ou de l’épargne du conjoint, parce qu’ils ont un enfant en commun… Ce qui n’est évidemment pas le cas. »

Protéger son autonomie financière, hors mariage

De nos jours, la grande majorité des gens qui se séparent sont des conjoints de fait. Et comme le fait remarquer Boyan Ivanov : « Quand on est conjoint de fait, on assume qu’on n’a aucun droit sur les biens de l’autre tant qu’on n’a pas mis son nom dessus… »

Le planificateur financier suggère à ceux qui désirent un meilleur encadrement de faire un contrat de vie commune notarié : « On met par écrit les responsabilités et les contributions financières de chacun. »

Jean-François Chabot abonde en ce sens : « Tout à fait! Je pense qu’il faut faire la promotion de ce genre d’entente. Car si les règles étaient claires au départ, elles seraient claires également à la fin. »

Or, pour le moment, le médiateur estime à moins de 1 % les conjoints de fait qui se présentent à son bureau avec un contrat de vie commune.

Une personne vulnérable financièrement serait pourtant en bien meilleure position pour faire valoir sa participation financière passée, lors de la séparation.

 

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