De gestionnaire «poche» à «proche»


Édition du 15 Décembre 2021

De gestionnaire «poche» à «proche»


Édition du 15 Décembre 2021

Par Emmanuel Martinez

(Photo: courtoisie)

DES LEADERS ET DES MOTS. C’est en jouant habilement sur les mots que Jean-Luc Dupont présente des solutions pour améliorer le leadership en entreprise dans son livre «Le gestionnaire poche proche». Pour faciliter la compréhension et la rétention du message, l’auteur, qui est aussi formateur et conférencier, se sert des deux adjectifs du titre comme des acronymes qui structurent son ouvrage. Chaque lettre de POCHE révèle des défauts à abandonner, tandis que chacune de PROCHE met en lumière des qualités à épouser.

 

POCHE comme…

Celui qui possède les entreprises D et P Développement professionnel, au Québec, et Métamorphoses, en Europe, entame son propos avec ce qui fait qu’un gestionnaire est «poche». Il commence donc par la lettre P comme parvenu, car le dirigeant «porte le titre de directeur, de chef… mais il n’adopte pas les attitudes managériales». P signifie aussi partial, puisque «certains employés sont mieux traités que d’autres sans aucune raison justifiable». Chaque concept soulevé s’appuie sur des exemples tirés du réel. «J’y ai assisté ou ils m’ont été racontés par des participants à des formations de leadership», précise celui qui fait de l’accompagnement depuis plus de 20 ans.

Pour les illustrer, il met en scène le personnage de Patrick Côté, le patron d’une entreprise fondée par son père qui affronte plusieurs obstacles.

Le livre se poursuit avec la lettre O pour objectifs. Dans ce cas-ci, le gestionnaire poche «ne pense qu’à ses propres objectifs»et il ne reconnaît pas «que ses collaborateurs ont des ambitions personnelles». Le C réfère à contrôle et communication. Le gestionnaire poche ne laisse pas d’autonomie à ses subalternes ou intervient trop peu en cas de problème. De plus, il communique mal.

Le H est pour hypocrite. En plus d’agir en contradiction avec ses paroles, le patron ne donne «aucune rétroaction jusqu’au jour où l’employé comprend beaucoup trop tard qu’il ne convient pas au poste». Finalement, le E symbolise l’écoute. Le gestionnaire n’écoute pas et ne parle que pour convaincre.

Pour chacune des lettres, les mises en situation sont claires et réalistes. Elles aident à mieux comprendre son propos. Elles débordent aussi du cadre de l’entreprise, parce que Jean-Luc Dupont note avec justesse que cette attitude «poche»se répercute dans la vie familiale de notre PDG fictif.

 

PROCHE comme…

Face à ses difficultés professionnelles et personnelles , notre patron décide de changer. Il va ainsi consulter un «coach»qui lui montre la voie à suivre pour devenir PROCHE. Pour assimiler les bons fondements du leadership, notre dirigeant dérouté suit encore l’acronyme. Ici, le P veut dire proximité, positiver, personnaliser ses interactions et se positionner (comme leader). Le R fait référence à (soigner sa) relation, aux rétroactions à fournir, à gérer les rechutes et les retours de mauvaises habitudes. Le O signifie les objectifs, c’est-à-dire de tenir compte des objectifs de chacun. Le C se base sur les concepts de croyances, de communication et de coaching. Le H pour l’honnêteté et la hiérarchie («si vous êtes au centre de tout, que tout doit passer par vous, vous devenez LE point bloquant de votre organisation»). Et finalement, le E pour écouter, émotions (qu’il faut gérer) et ego (qu’il faut canaliser positivement).

Ces six lettres constituent, selon l’auteur, les six clés pour un leadership inspirant. Celui qui les maîtrise peut alors prétendre atteindre le nirvana:«le gestionnaire parfait se rend inutile». En plus des explications et des exemples, chaque lettre dans cette section comporte un très bref résumé du comportement à adopter. En voici quelques-uns:

 

  • Vos collègues apprécient votre changement le jour où vous cessez de vouloir avoir toujours raison.
  • Toute rétroaction est positive, même et surtout s’il s’agit d’un message désagréable à entendre. Ce qui est négatif, c’est de ne pas donner de rétroaction, de ne pas être sincère, de ne pas vouloir aider l’autre à progresser.
  • Si vous voulez des personnes autonomes et responsables, commencez par les écouter.
  • Considérer une erreur comme un apprentissage est la plus sûre façon de progresser. La vivre comme un échec est la meilleure façon de régresser.

 

 

Des conseils

La troisième partie du livre revient plus en détail sur les qualités soulevées pour devenir un bon gestionnaire en donnant des trucs pour parvenir à ses objectifs. Les conseils de l’auteur sont ainsi regroupés dans ce qu’il appelle les «fiches techniques». On s’éloigne du pourquoi pour entrer dans le comment.

Par exemple, il divise les employés en quatre grandes catégories selon leurs traits de personnalité, afin d’offrir des outils pour mieux les comprendre et pour interagir avec eux. Ces particularités sont aussi discutées à plusieurs autres endroits pour mieux guider le gestionnaire dans ses interventions.

L’auteur revient aussi sur l’importance de fournir une rétroaction en mettant en garde contre la «technique du sandwich», qui consiste à se servir de louanges pour ensuite glisser un commentaire négatif. Des sujets comme l’évaluation de la performance, le coaching, comment mieux déléguer et écouter sont également abordés avec doigté.

Jean-Luc Dupont a donc une approche globale sans trop tomber dans la simplification. Cette richesse se conjugue à un style précis et imagé qui rend cette lecture agréable même après une grosse journée au bureau.

Le gestionnaire poche proche est publié aux Éditions Crescendo! 

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