Alain Desbiens: un pilier des FNB


Édition de Mars 2022

Alain Desbiens: un pilier des FNB


Édition de Mars 2022

Alain Desbiens est directeur des FNB à BMO Gestion mondiale d’actifs. (Photo: courtoisie)

PROFIL D'INVESTISSEUR. Aujourd’hui connu dans l’industrie comme l’un des plus éminents experts des fonds négociés en Bourse (FNB) au Québec — il est directeur des FNB à BMO Gestion mondiale d’actifs — Alain Desbiens a toutefois suivi un parcours professionnel hautement non linéaire. À 58 ans, il voit encore un univers d’occasions devant lui. Récit d’une carrière bien remplie.

En 1983, à l’aube de la vingtaine, Alain Desbiens termine son baccalauréat en relations industrielles à l’Université Laval. Pourquoi les relations industrielles ? Le choix se base sur deux raisons. D’abord, Alain Desbiens est attiré par l’approche multidisciplinaire de ce champ d’études, qui touche autant aux ressources humaines qu’à la psychologie en plus d’avoir un aspect légal et économique. Au départ, il se voit davantage en gestion de personnel qu’en finance. Ensuite, et c’est un peu pour cette raison qu’il désire justement éviter la finance, il veut faire quelque chose de nouveau, d’inconnu.

«Mon père a travaillé longtemps dans le secteur financier, pour Desjardins, dit-il. Et quand on est jeune, on ne veut pas nécessairement suivre les traces de notre paternel, on veut se créer un chemin.» Diplôme en main, Alain Desbiens fait donc son bout de chemin dans ce domaine, mais rapidement, il finit néanmoins par se retrouver dans le secteur financier.

 

Une expérience étendue

En 1999, Alain Desbiens met les pieds à la Banque CIBC, qui venait de lancer son service de planification financière. Il agit d’abord à titre de conseiller, mais rapidement, il devient directeur régional des ventes.

«J’ai pu aussi participer à la transformation de cette entreprise, qui se spécialisait en planification financière, pour en faire une société de valeurs mobilières, dit-il. C’est rare d’avoir l’occasion de relever un défi comme celui-là.» Entre 2001 et 2010, Alain Desbiens occupe différents rôles pour une poignée de firmes en finance. Du lot, deux de ces rôles se révéleront avoir une importance marquante dans son parcours professionnel.

Le premier des deux emplois est celui de vice-président aux ventes pour le Québec à Talvest. «C’était la plus grande entreprise de gestion d’actifs et je gérais leur plus grand territoire au pays», dit Alain Desbiens. Le second rôle est celui de vice-président aux ventes pour le Québec à Fiera Capital, un autre grand gestionnaire d’actifs.

«J’ai eu une chance extraordinaire de pouvoir travailler pour deux grands gestionnaires, dans deux sièges sociaux québécois, avec de l’expertise d’ici, dit-il. C’est rare, dans une carrière en gestion d’actif, d’avoir cette chance deux fois.» Passant en revue cette première partie de sa carrière, Alain Desbiens estime que d’avoir travaillé dans les quatre piliers du monde financier — l’assurance, les fiducies, les banques et le courtage — lui a donné un point de vue unique des marchés québécois et canadien.

C’est peut-être ce qui lui a permis de faire le bon choix quand le téléphone a sonné, quelque part au début de 2010.

 

Déployer les FNB…

Alain Desbiens raconte n’avoir jamais sollicité un emploi durant sa carrière. Ce sont toujours des employeurs potentiels qui l’ont repéré. Et s’il dit avoir reçu des offres durant les 11 dernières années, qu’il a passées à développer les FNB à BMO, il ne les a jamais acceptées. Mais cette fois-là, en 2010, les choses étaient différentes. «J’étais heureux à Fiera, dit-il. Mais quand BMO m’a contacté pour travailler dans les FNB, j’étais emballé.» Il voit dans cette offre une occasion de travailler dans un secteur qui était, selon lui, destiné à croître.

«Certains pensaient que c’était une mode, que c’était passager, dit Alain Desbiens. Les gens ne comprenaient pas mon choix d’al-ler chez BMO. Mais c’était un beau risque et ça s’est avéré une occasion extraordinaire.» Aujourd’hui, il se dit fier d’avoir été le premier embauché en avril 2010 comme spécialiste des FNB à BMO au Canada. Son travail, en tant que directeur des FNB, consiste actuellement à rencontrer les gestionnaires de portefeuille pour présenter l’offre de produits de BMO en termes de FNB, et les implications de leur utilisation dans le cadre de différentes stratégies de gestion de portefeuille.

«L’exercice intellectuel d’amener, de positionner et d’expliquer ces produits, c’est stimulant», reconnaît-il. Et la machine ne donne aucun signe de vouloir ralentir: au départ, BMO offrait 28 FNB. Actuellement, elle en offre 130 et en lancera une vingtaine ou une trentaine en 2022.

C’est d’ailleurs la raison pour laquelle Alain Desbiens est resté chez BMO si longtemps. «Tous ceux qui étaient là au début, il y a 11 ans, sont encore là, note Alain Desbiens. L’équipe a grandi, bien sûr, mais même mes jeunes collègues embauchés il y a cinq ans sont toujours ici.» Aujourd’hui, BMO est le deuxième plus gros joueur sur le marché canadien des FNB, en termes d’actifs, et la première institution financière du pays en termes de ventes nettes de FNB depuis 10 ans. En 2021, elle se plaçait d’ailleurs encore une fois en tête des créations nettes de parts de FNB. Selon des chiffres de Banque Nationale Marchés financiers, la BMO a affiché des créations nettes de 9,6 milliards de dollars (G $) durant l’année, suivie par RBC iShares (9,5 G $) et Vanguard (8,6 G $). Un succès dont n’est pas peu fier son directeur des FNB.

 

… et l’investissement ESG

Qu’est-ce qui attend Alain Desbiens au cours des prochaines années ? Pour le moment, il se voit toujours chez BMO. Avec l’investissement ESG qui semble devenir une tendance de fond, il estime qu’il y aura là des défis intéressants dans les années à venir, et qu’il sera bien placé pour les relever.

Qu’est-ce qui lui laisse croire que l’investissement répondant à divers critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) a un bel avenir ? Souvent, explique-t-il, c’est l’institutionnel qui donne le coup d’envoi des tendances.

«Or, actuellement, entre 80% et 90 % de l’actif des joueurs institutionnels suit les principes d’investissement ESG alors qu’on parle probablement de moins de 5 % chez les gestionnaires de portefeuille. C’est un secteur qui va se développer énormément d’ici quelques années.» Actuellement, la BMO offre 14 FNB axés sur les critères ESG, et elle est le plus grand joueur dans le secteur au pays. Plus spécifiquement, avec ses 8 G $ d’actifs sous gestion, elle détient 27,4 % du marché canadien.

«Mais ce n’est que le début, évalue Alain Desbiens. Ce n’est presque rien. Et c’est pour ça que j’aime beaucoup mon domaine. Il y a beaucoup de développements à venir.»

 

L’importance des mentors

Impossible pour Alain Desbiens de raconter un pan de son histoire professionnelle sans mentionner dans le même souffle une poignée de personnes qu’il considère être des mentors.

«À la BMO, j’ai eu des mentors et des collègues extraordinaires comme Rajiv Silgardo, Kevin Gopaul, Mark Raes, Alfred Lee et Rob Bechard», dit-il. Plus tôt dans sa carrière, il a eu l’occasion de collaborer avec Jacques Ménard, Michel Nadeau et Jean-Guy Desjardins, qu’il qualifie de «gens extraordinaires» qui lui ont ouvert beaucoup de portes.

«Je suis hyper privilégié parce que j’ai eu beaucoup de chance d’avoir des mentors comme eux, dit-il. J’essaie de ne pas l’oublier. C’est pour cette raison que j’essaie d’être un mentor à mon tour pour les jeunes qui le désirent.»

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