Vaut-il mieux un « bon père de famille » ou une « bonne mère de famille » au sein des conseils d’administration? Communément, les femmes sont considérées comme étant des gestionnaires plus prudentes que les hommes dans le domaine des affaires.
Plus : Les femmes ont-elles aussi le goût du risque? (Blogue «En Tête»)
Sauf pour les banques, juge la Bundesbank, la banque centrale allemande, dans une étude aux conclusions controversées reprise par le Financial Times. (Vous pouvez consulter l'étude dans le document pdf ci-contre).
Les auteurs de cette étude exhaustive sur les entreprises financières allemandes concluent que les changements dans les banques ayant mené à une plus forte proportion de dirigeantes « engendrent une conduite d’affaire plus risquée ».
Les chercheurs ont aussi découvert que l’âge moyen des membres du conseil d'administration influence sur le risque. Plus un administrateur est jeune, plus le risque est élevé. La relation inverse a aussi été apportée: plus le conseil comporte de membres ayant obtenu un doctorat, plus le risque est faible.
Les résultats de cette enquête contredisent l’intuition généralement partagée selon laquelle les femmes sont plus prudentes que les hommes dans les affaires.
La ministre du travail allemande, Ursula von der Leyen, fait partie des politiciennes européennes à faire pression pour des mesures encore plus fortes favorisant la présence des femmes au sein des conseils d’administration.
Au Québec, le gouvernement Charest veut aussi accroître la présence des femmes sur les conseils d'administration. Les femmes occupent encore trop peu de place sur les conseils des sociétés privées québécoises, a déploré la ministre de la Condition féminine, Christine St-Pierre, lors de l'annonce de la création d’une Table des partenaires influents, en janvier dernier.
Les femmes occupent en moyenne 14 % des postes d’administrateurs dans les grandes sociétés québécoises.
L'expérience, la principale raison
Selon l'étude réalisée à partir de données recueillies entre 1994 et 2010, la principale raison qui attribue aux dirigeantes un risque accru est le fait qu'elles sont moins expérimentées que leurs collègues masculins.
La seconde raison évoquée est que la présence des femmes, encore minoritaire au sein des conseils, bouleverse l’atmosphère cloitrée d’antant. « Si les membres du groupe proviennent d’un milieu hétérogène en termes d’expérience et de valeurs, cela peut augmenter les conflits potentiels au sein du groupe et entraver le processus de décision », écrivent les auteurs.
En ce qui a trait à l'âge, l’étude montre que si l’âge moyen du conseil est abaissé de cinq ans, la proportion d’actifs risqués dans le total du bilan augmente de 2,66%. Pour justifier l’impact de la présence de doctorants dans les conseils, les auteurs notent que «les employés plus scolarisés utilisent davantage de techniques de gestion des risques sophistiquées et ajustent les plans d’affaires en conséquence.»
La Bundesbank rappelle que la vision des trois auteurs, Allen N. Berger de l’Université de Caroline du Sud, Thomas Kick de la Bundesbank et Klaus Schaeck de l’Université Bangor, ne représente pas forcément les opinions de la banque elle-même.
La banque centrale allemande compte une femme au sein de son conseil, Sabine Lautenschlager.
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