Que faire avec le titre de Bombardier? L'entreprise est-elle devenue une bonne affaire? Voici ce que trois analystes ont à dire au lendemain du dévoilement d’une radiation de 4,9 G$US, de l’injection de 1,3G$ par Investissement Québec et de la rechute de 17% de l’action.
Bombardier (Tor., BBD.B, 1,37$): Scotia : 1,3G$ ne sont pas assez pour améliorer le rapport-risque
Turan Quettawala, de Banque Scotia, explique avec candeur que son optimisme initial concernant l’injection de 1,3 milliard de dollars américains par le gouvernement du Québec s’est vite évanoui en apprenant que ces sommes combleront à peine la moitié des sorties de fonds prévues pour l’appareil CSeries, d’ici 5 ans. Ce scénario repose en plus sur des hypothèses optimistes.
«De plus, les sorties de fonds prévues entre 2015 et 2017 sont pires que nous l’avions prévu, nous obligeant à amputer 2,1G$US de dollars de nos propres projections pour les flux de trésorerie», indique l’analyste.
Malgré des liquidités potentielles de 6G$US, Bombardier restera sur la corde raide et aura sans doute besoin d’autres fonds d’ici 12 à 18 mois, un scénario qu’il a déjà baptisé «Plan de secours 2,0».
À son avis, la radiation de 3,2G$US du CSeries de Bombardier lui donnera la latitude comptable pour solder ses avions. Ça confirme dans son esprit que le programme CSeries ne deviendra jamais rentable, sous aucun scénario.
«L’injection de Québec rassurera peut-être certains clients qui craignaient pour la survie de Bombardier à long terme. Nous croyons plutôt que la niche de marché pour le CSeries est trop étroite et que plusieurs commandes potentielles sont déjà dans le carnet de commandes des concurrents», dit-il.
M. Quettawala conclut que le risque est trop important pour miser sur un redressement d’ici 3 à 5 ans.
Il recommande de vendre le titre de Bombardier s’il s’appréciait à l’annonce de nouvelles commandes ou lors de la journée des investisseurs du 24 novembre.
Son cours-cible : 1,50$.
En page 1: sans doute besoin d’autres fonds
En page 2: de grosses commandes sont impératives
En page 3: des risques encore élevés malgré tout
Bombardier (BBD.B, 1,37$). FBN : de grosses commandes sont impératives pour espérer rentabiliser le CSeries
S’il est satisfait des repères financiers qu’a enfin fournis Bombardier concernant les appareils CSeries, Cameron Doersken, de la Financière Banque Nationale, rappelle que le nœud du problème concerne les commandes dont la société a besoin pour éventuellement rentabiliser la production de l’appareil, en 2020.
Avec 1G$US du gouvernement du Québec et 1G$US de l’essaimage prochain d’une part minoritaire de sa division de trains et de wagons de métro, Bombardier devrait pouvoir couvrir ses besoins en fonds jusqu’à ce que ses flux de trésorerie comblent toutes ses dépenses à partir de 2018, croit-il.
Si le plan de vol pour atteindre la rentabilité en 2020 apparaît crédible, la société devra produire une amélioration tangible de ses marges pour espérer un redressement en Bourse.
M. Doersken s’inquiète aussi du marché des jets d’affaires qui faiblit à l’extérieur de l’Amérique du Nord. Bombardier est aussi très dépendante de trois gros opérateurs de flottes.
Il augmente tout de même son cours-cible de 1,75 à 2$ parce que l’injection de Québec réduit le risque financier du CSeries jusqu’en 2017. La mise en production de l’appareil et l’achèvement des coûts de développement du Global 7000 devraient rapprocher les flux de trésorerie de Bombardier du point mort en 2018.
M. Doersken s’attend aussi à ce que Bombardier vende les actifs de son jet d’affaires Learjet.
«Plusieurs détails concernant la transformation de Bombardier manquent. Les dirigeants devront en révéler davantage à la rencontre annuelle du 24 novembre. Renforcer le CSeries est important, mais il faudra que les marges et la gestion des flux de trésorerie de tous les segments de l’entreprise s’améliorent pour que le titre puisse aspire à une évaluation supérieure en Bourse.»
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Bombardier (BBD.B, 1,37$). TD : des risques encore élevés malgré des capitaux frais de 2G$US
Il rappelle que Bombardier terminera l’exercice 2015 avec 2,7 milliards de dollars américains de liquidités et l’accès à un crédit bancaire de 1,3 G$US.
La participation du gouvernement du Québec devrait calmer les pires craintes concernant l’engagement à long terme de Bombardier envers le CSeries, dit-il.
Bombardier prévoit désormais que ses flux de trésorerie couvriront toutes ses dépenses sur une base consolidée en 2018-19 et celles du CSeries en 2020-2021.
«L’histoire démontre toutefois que ces hypothèses comportent des risques», reconnaît l’analyste qui réduit son cours-cible de 1,40 à 1,35$US.
Ce cours-cible repose sur une évaluation de la société en pièces détachées.
Les marges déprimées des jets d’affaires et des trains ainsi que les commandes modestes des avions commerciaux sont d’autres facteurs de risque qui ternissent aussi les perspectives financières de la société.
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