C'est le genre d'observations qu'on ne remarque pas nécessairement du premier coup, mais qui en disent long sur les préjugés tenaces de certains milieux.
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En juin 2009, lorsqu'on a annoncé la vente du Canadien de Montréal (et de ses propriétés afférentes) à un consortium piloté par la famille Molson, un commentateur sportif du Journal de Montréal a écrit quelque chose comme : «Dommage qu'on n'ait pas vendu le Canadien à un des nôtres». La phraséologie exacte était peut-être différente, mais l'expression «un des nôtres» était là, et c'est elle qui m'a frappé. Il faut ajouter que le rival malheureux dans la transaction était Pierre Karl Péladeau, alors propriétaire du Journal.
Sauf que c'était à la fois maladroit et injuste.
Maladroit, parce que la manoeuvre était grosse. Québecor venait de se faire coiffer au poteau d'arrivée, et ce texte révélait un réflexe de mauvais perdant. Tant qu'à trouver un argument pour expliquer la déconvenue, pourquoi ne pas rejeter le blâme sur le vainqueur au lieu de simplement reconnaître qu'on avait raté son coup ?
Mais surtout, injuste, parce que les Molson font partie du paysage québécois depuis plus de 230 ans.
C'est en 1782 que John Molson est arrivé à Montréal depuis son Angleterre natale. Quatre ans plus tard, il fondait la brasserie qui porte encore son nom. C'est, et de loin, la plus vieille entreprise familiale du Québec. Allaient suivre une banque (à l'origine de la Banque de Montréal), un hôtel, un réseau de chemin de fer... Le premier Molson établi au Québec avait une âme d'entrepreneur.
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