Le plan de Québec s’appuie sur les transports et l’industrie

Offert par Les Affaires


Édition du 25 Novembre 2020

Le plan de Québec s’appuie sur les transports et l’industrie

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Édition du 25 Novembre 2020

Par Katia Tobar

Les transports sont responsables de 43,3 % des émissions totales. (Photo: 123RF)

Pour lutter contre les changements climatiques, le gouvernement québécois parie sur l’électrification et l’innovation, a révélé le ­Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030) présenté le 16 novembre. Aucune mesure coercitive pour les entreprises ou les citoyens n’est toutefois prévue dans ce plan assorti d’une enveloppe de 6,7 milliards de dollars sur cinq ans – de 2021 à 2026.
« ­Ce plan est une reconnaissance de l’état économique actuel » causé par la pandémie de ­COVID-19, estime le président du ­Conseil du patronat du ­Québec (CPQ), ­Karl ­Blackburn. Il salue le souci du gouvernement de « ne pas alourdir le fardeau 
fiscal des citoyens et des entreprises ».
Avec le ­PEV 2030, ­Québec prévoit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 12,4 mégatonnes (Mt) d’équivalent ­CO2 d’ici 2030. Il atteindrait alors à peine la moitié de sa cible climatique pour 2030, mais compte réévaluer le plan chaque année et l’adapter en fonction des résultats obtenus et des innovations technologiques disponibles.
Pour le moment, ­Québec s’attaque aux deux secteurs les plus gourmands en émissions carbone, à savoir les transports (43,3 % des émissions totales) et l’industrie (30,5 %). Ainsi, camions, autobus scolaires et véhicules particuliers seront progressivement électrifiés au cours des prochaines années. La nouvelle a réjoui entre autres ­Hydro-Québec, qui « entend jouer un rôle de catalyseur dans ce grand projet collectif », indique sa ­PDG, ­Sophie ­Brochu.
Sur le plan industriel, le gouvernement mise sur l’accompagnement et l’investissement en recherche et développement. Une somme de 768 millions de dollars (M$) y sera consacrée, accompagnée d’un investissement de plus de 400 M$ pour favoriser la création de nouvelles entreprises.
Cette « approche incitative » est une bonne nouvelle, selon ­Karl ­Blackburn, qui considère que le secteur industriel a déjà fait un « effort considérable » en réduisant de 
25 % ses émissions carbone depuis 1990, d’après les données du ministère de l’Environnement et de la ­Lutte contre les changements climatiques.
L’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du ­Québec (ADRIQ) salue également cette approche. « Ça va créer du développement économique et de nouveaux emplois », se réjouit ­Pascal ­Monette, ­PDG de l’organisme. Ce dernier suggère de mettre en place des « appels de solution » sur les questions de l’action climatique, afin que les entreprises innovent dans le but de répondre à des problèmes concrets. « ­Cela favoriserait l’éclosion de ­PME. »
« ­Manque de courage » politique
Ce plan fait toutefois hausser les sourcils de l’opposition à l’Assemblée nationale, surtout la stratégie de miser sur l’innovation. « C’est un pari qui est risqué : ces innovations technologiques, il va falloir qu’elles soient très fortes » pour atteindre la cible climatique que le ­Québec s’est fixée pour 2030, estime Sylvain ­Gaudreault, le ­porte-parole en environnement du ­
Parti québécois.
Du côté de ­Québec solidaire, on déplore le manque de mesures d’écofiscalité, c’­est-à-dire des taxes, des subventions ou autres mesures qui permettent de favoriser certaines actions positives pour le climat. « ­En se privant d’écofiscalité, le gouvernement se prive de revenus, alors que les mesures dissuasives [comme l’imposition d’une taxe carbone] peuvent être bonnes économiquement pour la société », avance Ruba ­Ghazal, responsable de l’environnement au sein de ce parti.
Une vision que partage ­François ­Delorme, chargé de cours au ­Département de sciences économiques de l’Université de ­Sherbrooke. « L’écofiscalité n’est pas forcément punitive ; elle peut répondre au principe du double dividende », ­explique-t-il. C’­est-à-dire que d’un côté, l’économie se décarbone, alors que de l’autre, le revenu disponible pour lutter contre les changements climatiques augmente, grâce aux recettes fiscales obtenues par l’imposition de taxes.
Le gouvernement mise plutôt sur le marché du carbone, le système d’échange de droits d’émission conclu avec la ­Californie. Pour le ­CPQ, c’est un « avantage » québécois qui place la province en position de « leader », même si ­Karl ­Blackburn aimerait que ce marché « soit plus attractif pour les organisations », entre autres grâce à l’ajout de crédits compensatoires. À l’inverse, ­Sylvain ­Gaudreault résume ce marché à « l’achat de permis de polluer ».
En se fiant au marché du carbone et à l’innovation, le ­PEV entraîne une déresponsabilisation des consommateurs et des producteurs, croit François ­Delorme. « ­Il faut que les comportements changent, ­assure-t-il. Plus on attend, plus le coût de ces changements sera élevé » pour la société.

TRANSITION ÉCOLOGIQUE. Pour lutter contre les changements climatiques, le gouvernement québécois parie sur l’électrification et l’innovation, a révélé le ­Plan pour une économie verte 2030 (PEV 2030) présenté le 16 novembre. Aucune mesure coercitive pour les entreprises ou les citoyens n’est toutefois prévue dans ce plan assorti d’une enveloppe de 6,7 milliards de dollars sur cinq ans – de 2021 à 2026.

« ­Ce plan est une reconnaissance de l’état économique actuel » causé par la pandémie de ­COVID-19, estime le président du ­Conseil du patronat du ­Québec (CPQ), ­Karl ­Blackburn. Il salue le souci du gouvernement de « ne pas alourdir le fardeau fiscal des citoyens et des entreprises ».

Avec le ­PEV 2030, ­Québec prévoit réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 12,4 mégatonnes (Mt) d’équivalent ­CO2 d’ici 2030. Il atteindrait alors à peine la moitié de sa cible climatique pour 2030, mais compte réévaluer le plan chaque année et l’adapter en fonction des résultats obtenus et des innovations technologiques disponibles.

Pour le moment, ­Québec s’attaque aux deux secteurs les plus gourmands en émissions carbone, à savoir les transports (43,3 % des émissions totales) et l’industrie (30,5 %). Ainsi, camions, autobus scolaires et véhicules particuliers seront progressivement électrifiés au cours des prochaines années. La nouvelle a réjoui entre autres ­Hydro-Québec, qui « entend jouer un rôle de catalyseur dans ce grand projet collectif », indique sa ­PDG, ­Sophie ­Brochu.

Sur le plan industriel, le gouvernement mise sur l’accompagnement et l’investissement en recherche et développement. Une somme de 768 millions de dollars (M$) y sera consacrée, accompagnée d’un investissement de plus de 400 M$ pour favoriser la création de nouvelles entreprises.

Cette « approche incitative » est une bonne nouvelle, selon ­Karl ­Blackburn, qui considère que le secteur industriel a déjà fait un « effort considérable » en réduisant de 25 % ses émissions carbone depuis 1990, d’après les données du ministère de l’Environnement et de la ­Lutte contre les changements climatiques.

L’Association pour le développement de la recherche et de l’innovation du ­Québec (ADRIQ) salue également cette approche. « Ça va créer du développement économique et de nouveaux emplois », se réjouit ­Pascal ­Monette, ­PDG de l’organisme. Ce dernier suggère de mettre en place des « appels de solution » sur les questions de l’action climatique, afin que les entreprises innovent dans le but de répondre à des problèmes concrets. « ­Cela favoriserait l’éclosion de ­PME. »

« ­Manque de courage » politique

Ce plan fait toutefois hausser les sourcils de l’opposition à l’Assemblée nationale, surtout la stratégie de miser sur l’innovation. « C’est un pari qui est risqué : ces innovations technologiques, il va falloir qu’elles soient très fortes » pour atteindre la cible climatique que le ­Québec s’est fixée pour 2030, estime Sylvain ­Gaudreault, le ­porte-parole en environnement du ­Parti québécois.

Du côté de ­Québec solidaire, on déplore le manque de mesures d’écofiscalité, c’­est-à-dire des taxes, des subventions ou autres mesures qui permettent de favoriser certaines actions positives pour le climat. « ­En se privant d’écofiscalité, le gouvernement se prive de revenus, alors que les mesures dissuasives [comme l’imposition d’une taxe carbone] peuvent être bonnes économiquement pour la société », avance Ruba ­Ghazal, responsable de l’environnement au sein de ce parti.

Une vision que partage ­François ­Delorme, chargé de cours au ­Département de sciences économiques de l’Université de ­Sherbrooke. « L’écofiscalité n’est pas forcément punitive ; elle peut répondre au principe du double dividende », ­explique-t-il. C’­est-à-dire que d’un côté, l’économie se décarbone, alors que de l’autre, le revenu disponible pour lutter contre les changements climatiques augmente, grâce aux recettes fiscales obtenues par l’imposition de taxes.

Le gouvernement mise plutôt sur le marché du carbone, le système d’échange de droits d’émission conclu avec la ­Californie. Pour le ­CPQ, c’est un « avantage » québécois qui place la province en position de « leader », même si ­Karl ­Blackburn aimerait que ce marché « soit plus attractif pour les organisations », entre autres grâce à l’ajout de crédits compensatoires. À l’inverse, ­Sylvain ­Gaudreault résume ce marché à « l’achat de permis de polluer ».

En se fiant au marché du carbone et à l’innovation, le ­PEV entraîne une déresponsabilisation des consommateurs et des producteurs, croit François ­Delorme. « ­Il faut que les comportements changent, ­assure-t-il. Plus on attend, plus le coût de ces changements sera élevé » pour la société.

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