Industrie agroalimentaire: des emplois offerts sur des conserves de maïs

Offert par Les Affaires


Édition du 26 Mai 2021

Industrie agroalimentaire: des emplois offerts sur des conserves de maïs

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Édition du 26 Mai 2021

conserve

Bonduelle Canada appose une étiquette sur des conserves de maïs pour inviter les gens à venir travailler chez elle. (Photo: courtoisie)

Des emplois offerts sur des conserves de maïs
Jean-François Venne
La pandémie a exacerbé la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie agroalimentaire, où le volume de production est plus élevé maintenant qu’avant la crise. Les entreprises se montrent imaginatives pour surmonter cet obstacle.
Bonduelle Canada, une multinationale de transformation des légumes, teste actuellement une méthode de recrutement inédite, conçue avec l’agence lg2. Elle appose une étiquette sur 45 000 conserves de maïs, qu’elle distribue dans quatre banques alimentaires, pour inviter les gens à postuler à un poste chez elle. « Les usagers des banques alimentaires sont potentiellement en recherche d’emploi et nous voulons qu’ils pensent à nous », explique Christian Malenfant, vice-président au marketing de Bonduelle.
En avril, l’entreprise avait 100 postes à pourvoir. Cette situation se répète depuis plusieurs années, notamment en raison d’un faible taux de chômage au Québec. La pandémie a même amplifié le phénomène, tout en compliquant le recrutement. Bonduelle avait entre autres pris l’habitude de s’adonner à de la « guérilla marketing » en se rendant dans les lieux publics pour approcher directement les gens, ce qui n’est pas possible actuellement.
Séduire les jeunes
« La pénurie de main-d’œuvre complique notre capacité à transformer tous les légumes lorsque les récoltes battent leur plein », confirme Christian Malenfant. En 2020, une centaine de cadres ont dû travailler en usine pendant la période de pointe.
« Ce manque d’employés nuit à la croissance des entreprises, qui ne font que lutter pour se maintenir, déplore Dimitri Fraeys, vice-président à l’innovation et aux affaires économiques du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ). Certaines doivent même laisser tomber des produits qui exigent plus de main-d’œuvre et les salariés se retrouvent ainsi souvent à travailler de plus longues heures. » 
Pour dénicher des travailleurs, les transformateurs innovent, notamment auprès des plus jeunes. Ils proposent, par exemple, des primes à la référence aux étudiants qui travaillent chez eux, ou encore des bourses d’études. Le montant de ces bourses augmente parfois en fonction du nombre de semaines de travail, ce qui les encourage à travailler tout l’été. Les transformateurs souhaitent aussi recruter davantage du côté des immigrants récents, qui subissent des taux de chômage plus élevés que la moyenne.
Le CTAQ a pour sa part lancé une campagne intitulée La transformation des aliments, c’est tellement important afin de mieux faire connaître son industrie. « Nous devons valoriser ces emplois auprès du public et briser certains mythes, comme ceux des bas salaires, affirme Dimitri Fraeys. Les salaires dans la transformation alimentaire sont compétitifs avec ceux du reste du secteur manufacturier. »
Place à l’automatisation
La pénurie de main-d’œuvre affecte également les producteurs agricoles. « La situation est dramatique, notamment du côté des travailleurs saisonniers et des travailleurs d’abattoirs », prévient Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles. Il souligne qu’Olymel recherchera entre 3000 et 4000 salariés au cours des cinq prochaines années. Quant aux fermes, plusieurs ont souffert des retards dans l’arrivée des employés étrangers saisonniers causés par les restrictions sanitaires.
Même si le manque de main-d’œuvre nuit à la croissance d’entreprises, il reste difficile d’améliorer les perspectives de recrutement. L’augmentation des salaires constitue par exemple un outil très limité. Dans certaines productions, comme les fraises et les framboises, les salaires représentent plus de la moitié des coûts de production. Toute hausse a une incidence sur les prix et rend les fruits moins compétitifs comparativement à certaines importations. 
Par ailleurs, plusieurs jeunes quittent leur emploi en pleine récolte, parce que les cégeps reprennent leurs activités en août. Des producteurs ont donc suggéré de retarder le début des cours. Cette option n’a cependant jamais été discutée avec la Fédération des cégeps. Les producteurs se tournent aussi vers les retraités, très présents dans les régions agricoles.
Quoi qu’il en soit, « la solution passera vraisemblablement par l’automatisation, qui réduira les besoins de main-d’œuvre », estime Marcel Groleau.
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CHIFFRES
En 2020, les transformateurs d’aliments et de boisson canadiens ont besoin de 56 000 nouveaux travailleurs pour atteindre leurs objectifs de croissance de 2025.
Source : Compétences Transformation Alimentaire Canada
Un poste vacant dans cette industrie, en 2020, représente une perte de revenus nets de 190 $ par jour. Si la situation ne se résorbe pas, les pertes attribuables aux postes vacants au Canada atteindront 3,1 milliards par année.
Source : Compétences Transformation Alimentaire Canada 

SPÉCIAL GRANDES ENTREPRISES. La pandémie a exacerbé la pénurie de main-d’œuvre dans l’industrie agroalimentaire, où le volume de production est plus élevé maintenant qu’avant la crise. Les entreprises se montrent imaginatives pour surmonter cet obstacle.

Bonduelle Canada, une multinationale de transformation des légumes, teste actuellement une méthode de recrutement inédite, conçue avec l’agence lg2. Elle appose une étiquette sur 45 000 conserves de maïs, qu’elle distribue dans quatre banques alimentaires, pour inviter les gens à postuler à un poste chez elle. « Les usagers des banques alimentaires sont potentiellement en recherche d’emploi et nous voulons qu’ils pensent à nous », explique Christian Malenfant, vice-président au marketing de Bonduelle.

En avril, l’entreprise avait 100 postes à pourvoir. Cette situation se répète depuis plusieurs années, notamment en raison d’un faible taux de chômage au Québec. La pandémie a même amplifié le phénomène, tout en compliquant le recrutement. Bonduelle avait entre autres pris l’habitude de s’adonner à de la « guérilla marketing » en se rendant dans les lieux publics pour approcher directement les gens, ce qui n’est pas possible actuellement.

 

Séduire les jeunes

« La pénurie de main-d’œuvre complique notre capacité à transformer tous les légumes lorsque les récoltes battent leur plein », confirme Christian Malenfant. En 2020, une centaine de cadres ont dû travailler en usine pendant la période de pointe.

« Ce manque d’employés nuit à la croissance des entreprises, qui ne font que lutter pour se maintenir, déplore Dimitri Fraeys, vice-président à l’innovation et aux affaires économiques du Conseil de la transformation alimentaire du Québec (CTAQ). Certaines doivent même laisser tomber des produits qui exigent plus de main-d’œuvre et les salariés se retrouvent ainsi souvent à travailler de plus longues heures. » 

Pour dénicher des travailleurs, les transformateurs innovent, notamment auprès des plus jeunes. Ils proposent, par exemple, des primes à la référence aux étudiants qui travaillent chez eux, ou encore des bourses d’études. Le montant de ces bourses augmente parfois en fonction du nombre de semaines de travail, ce qui les encourage à travailler tout l’été. Les transformateurs souhaitent aussi recruter davantage du côté des immigrants récents, qui subissent des taux de chômage plus élevés que la moyenne.

Le CTAQ a pour sa part lancé une campagne intitulée La transformation des aliments, c’est tellement important afin de mieux faire connaître son industrie. « Nous devons valoriser ces emplois auprès du public et briser certains mythes, comme ceux des bas salaires, affirme Dimitri Fraeys. Les salaires dans la transformation alimentaire sont compétitifs avec ceux du reste du secteur manufacturier. »

 

Place à l’automatisation

La pénurie de main-d’œuvre affecte également les producteurs agricoles. « La situation est dramatique, notamment du côté des travailleurs saisonniers et des travailleurs d’abattoirs », prévient Marcel Groleau, président général de l’Union des producteurs agricoles. Il souligne qu’Olymel recherchera entre 3000 et 4000 salariés au cours des cinq prochaines années. Quant aux fermes, plusieurs ont souffert des retards dans l’arrivée des employés étrangers saisonniers causés par les restrictions sanitaires.

Même si le manque de main-d’œuvre nuit à la croissance d’entreprises, il reste difficile d’améliorer les perspectives de recrutement. L’augmentation des salaires constitue par exemple un outil très limité. Dans certaines productions, comme les fraises et les framboises, les salaires représentent plus de la moitié des coûts de production. Toute hausse a une incidence sur les prix et rend les fruits moins compétitifs comparativement à certaines importations. 

Par ailleurs, plusieurs jeunes quittent leur emploi en pleine récolte, parce que les cégeps reprennent leurs activités en août. Des producteurs ont donc suggéré de retarder le début des cours. Cette option n’a cependant jamais été discutée avec la Fédération des cégeps. Les producteurs se tournent aussi vers les retraités, très présents dans les régions agricoles.

Quoi qu’il en soit, « la solution passera vraisemblablement par l’automatisation, qui réduira les besoins de main-d’œuvre », estime Marcel Groleau.

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En 2020, les transformateurs d’aliments et de boisson canadiens ont besoin de 56 000 nouveaux travailleurs pour atteindre leurs objectifs de croissance de 2025.

Source : Compétences Transformation Alimentaire Canada

 

Un poste vacant dans cette industrie, en 2020, représente une perte de revenus nets de 190 $ par jour. Si la situation ne se résorbe pas, les pertes attribuables aux postes vacants au Canada atteindront 3,1 milliards par année.

Source : Compétences Transformation Alimentaire Canada 

 

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