Gardium: des yeux meilleurs que ceux des humains


Édition du 22 Mai 2024

Gardium: des yeux meilleurs que ceux des humains


Édition du 22 Mai 2024

Par Sophie Chartier

Simon Laflamme, vice-président et associé à la technologie et petit-fils du fondateur de Gardium (Photo: courtoisie)

SPÉCIAL 300. Pour Gardium, une entreprise familiale du secteur toujours plus complexe et sollicité de la sécurité, l’intelligence artificielle (IA) est une façon de libérer les agents de certaines tâches répétitives pour que ceux-ci puissent se concentrer sur l’essentiel. Rencontre avec Simon Laflamme, vice-président et associé à la technologie et petit-fils du fondateur de l’entreprise.

Cette année, le scintillant Festival de Cannes a annoncé miser sur l’IA pour améliorer la sécurité lors de l’événement. Ce sont 17 caméras de vidéoprotection qui ont scruté les faits et gestes des foules sur et aux abords des tapis rouges à l’affût de comportements suspects.

L’IA occupe en effet une place de plus en plus grande dans l’industrie de la surveillance et la sécurité, une intégration que Simon Laflamme connaît bien. Son grand-père, Jean Marc-Aurèle, a fondé Gardium en 2002 et c’est aujourd’hui son père, Dany Laflamme, qui en est le PDG. Son frère, Samuel Laflamme, lui, occupe le poste de vice-président et associé à la vérification d’antécédents et services financiers et responsable de la protection des renseignements. L’entreprise basée à Laval se spécialise dans cinq domaines liés à la sécurité : le gardiennage (agents de sécurité), l’enquête, la surveillance par la technologie, la vérification d’antécédents et la protection d’actifs en cas de conflit de travail.

Depuis l’acquisition en 2017 d’un compétiteur qui avait déjà entamé des recherches en matière d’IA, Gardium peaufine son expertise dans ce volet, un atout non négligeable selon le gestionnaire. « Avec l’IA, on amène le flux des caméras à notre centrale vidéo du siège social, à Gardium, dit Simon Laflamme. Nos serveurs traitent les images et sonnent l’alarme lorsqu’ils détectent une présence humaine. Nous comptons 350 emplacements de surveillance par caméra avec l’IA. »

En cas d’entrée par effraction, un système audio permet le cas échéant de demander des comptes aux intrus. « C’est un agent de sécurité virtuel, dit le gestionnaire, également CPA. Mais, un agent qui peut travailler 24 heures sur 24, et surveiller un périmètre à 360o, pas seulement l’entrée de l’établissement. »

 

Demande plus grande en sécurité

Si cette technologie offre un avantage par rapport à la bonne vieille surveillance humaine, ne présente-t-elle pas toutefois un risque pour les employés, qui pourraient être remplacés ? « On pensait autrefois que l’IA allait voler des “jobs” aux agents, mais c’est tout le contraire qui se passe. Actuellement, les normes de sécurité se complexifient. Les clients veulent augmenter le niveau de surveillance de leurs locaux, et les agents ont des tâches de plus en plus poussées. Ils deviennent vite débordés. Donc l’IA permet de simplifier certaines tâches. »

Le VP donne l’exemple de la sécurité incendie. « Auparavant, on demandait aux entreprises de faire la vérification des extincteurs, par exemple, chaque trimestre, mais aujourd’hui, ça peut être chaque semaine. Ce sont des tâches qui vont incomber aux agents. Vérifier les extincteurs, par exemple, d’une usine longue d’un kilomètre, ça peut lui prendre l’avant-midi. »

De plus, Simon Laflamme fait remarquer qu’une machine ne se fatigue jamais de faire de la surveillance vidéo, à l’opposé des humains. « Entre toi et moi, quand ça fait cinq heures que tu regardes des écrans de surveillance, premièrement, tu commences à voir double, dit-il. Ensuite, si quelqu’un passe devant la caméra numéro 80 alors que tu regardais les images de la caméra numéro 12, ça se peut que tu ne le voies pas passer. Avec l’analyse des flux vidéo par l’IA, on est vraiment capable de capter tous les mouvements qui ne devraient pas être là. »

L’expert en technologie de surveillance ajoute que de nombreuses caméras de sécurité sont déjà dotées de détecteurs de mouvements, mais plusieurs d’entre elles provoquent de fausses alarmes. « La pluie, le vent dans les feuilles, un écureuil, le changement de luminosité peuvent déclencher l’alarme… Avec l’IA, on est capable de savoir si tel mouvement provient d’un humain, d’un véhicule ou d’un chien de 120 livres. On est capable de filtrer et d’évaluer ce qui nécessite une intervention ou non. »

Gardium se différencie de ses compétiteurs par sa volonté de faire les choses par lui-même. « Nos compétiteurs n’ont pas d’intégrateur et d’installateur internes, ça va être des sous-traitants, dit Simon Laflamme. De notre côté, nous avons nos propres gestionnaires de projet, nos installateurs, notre centrale. Nous nous occupons du processus de surveillance de A à Z ».

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