La santé en deuxième ligne

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Novembre 2021

La santé en deuxième ligne

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Édition du 10 Novembre 2021

Par Isabelle Delorme

Julie Desharnais, directrice générale de la fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont (Photo: courtoisie)

PHILANTHROPIE. La crise sanitaire a mis la santé au cœur des préoccupations des Québécois, générant ainsi des afflux de dons en argent. Toutefois, privés de leurs événements-bénéfice, les organismes en santé se sont trouvé devant l’obligation de se réorganiser. 

Selon deux sondages menés par l’Institut Mallet dans les deux dernières années, la recherche médicale figure en deuxième position des causes privilégiées par les donneurs, derrière l’aide aux personnes démunies. Durant la pandémie, les Canadiens ont augmenté leur soutien aux hôpitaux, au personnel de la santé et aux services de santé, selon le rapport sur les dons 2021 de la plateforme CanaDon. Cependant, la dernière enquête sectorielle d’Imagine Canada révèle que les organismes en santé sont plus nombreux que ceux des autres secteurs à connaître des baisses de revenus, et ce, bien qu’ils n’aient pas fait face aux mêmes baisses de la demande. Pour ceux qui ont signalé une baisse de revenu, ceux-ci ont diminué de 48% en moyenne.

Alain Demers, directeur général de l’Association des fondations d’établissements de santé du Québec (AFESAQ), a analysé les comptes de 66 fondations liées à un établissement de santé qui ont des états financiers en date du 31 décembre. «Elles ont reçu environ 38 millions de dollars (M$) de dons en 2020 contre 40 M$ l’année précédente», constate-t-il. Le directeur général a également observé que 36 des fondations ont connu une augmentation de dons, 6 sont restées à peu près stables et 24 ont subi une baisse. Ces données recouvrent principalement les dons avec reçus d’impôt, mais excluent les événements, qui relèvent plutôt des revenus globaux. « En isolant les fondations qui ont une mission hospitalière, les pourcentages sont très similaires », précise Alain Demers.

 

Des hôpitaux de première ligne soutenus

« Nous nous attendions à une chute majeure des contributions, mais nous avons vu au contraire une très grande générosité de la communauté en réponse à la COVID », se réjouit Julie Quenneville, PDG de la Fondation du Centre universitaire de santé McGill (CUSM). L’organisme, qui a déboursé 8,5 M$ grâce au Fonds d’urgence COVID-19 lancé en mars 2020, a recueilli un peu plus de 24 M$ pour appuyer la recherche et les soins au CUSM en 2020-2021, contre 27,8 M$ l’année précédente. « Nous sommes à peu près au même niveau quant aux dons majeurs et nous avons eu une très bonne année pour les dons annuels, précise Julie Quenneville. La différence est liée à une baisse des successions et des engagements à long terme. » La générosité des donateurs a permis d’ouvrir rapidement un laboratoire de niveau 3 pour tester des médicaments contre la COVID-19.

L’hôpital Maisonneuve-Rosemont est l’établissement montréalais qui a reçu le plus de patients atteints de la COVID-19, indique Julie Desharnais, directrice générale de la fondation de l’hôpital. Cette dernière, qui a lancé le fonds Tous solidaires de l’Hôpital Maisonneuve-Rosemont en 2020, a recueilli 16,7 M$ en dons et en placements en 2020. Ce montant est en baisse par rapport au chiffre de 18,9 M$ en 2019. Toutefois, « il faut relativiser ces montants, qui incluent les placements », précise Julie Desharnais, qui a bénéficié de la popularité de l’émission De garde 24/7. « Cela a été un levier pour maintenir nos revenus », indique la directrice générale.

 

L’événementiel grippé

« Les organismes qui s’appuyaient beaucoup sur des événements, comme les grands bals ou les tournois de golf, pour leurs collectes de fonds ont été touchés plus durement par la pandémie », estime Alain Demers. Il précise néanmoins que cette baisse de revenus s’est accompagnée d’une baisse de dépenses, ces grands rendez-vous coûtant cher. Selon le directeur général de l’AFESAQ, il est trop tôt pour chiffrer l’effet réel de la pandémie, mais il croit qu’en rééquilibrant la part de l’événementiel au profit du relationnel, la philanthropie francophone en santé poursuivrait une évolution amorcée avant la pandémie par plusieurs fondations et très répandue au sein d’organismes anglophones canadiens et québécois.

Pour Julie Quenneville, l’un des atouts de la Fondation du CUSM est qu’elle ne se concentre pas sur l’événementiel, trop coûteux depuis des années, et qu’elle a accéléré son virage numérique pendant la pandémie. La Fondation de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont s’est également réinventée. «Nous avons beaucoup misé sur notre fonds d’urgence, le Web, les médias sociaux, notre marketing relationnel et les dons majeurs pour rester à flot», explique Julie Desharnais, dont les prochaines campagnes auront pour objectif la reconstruction de l’hôpital.

Alain Demers constate également que certains événements innovants ont eu un bel impact, comme le Défi des générations. «Quatre fondations se sont unies à deux reprises en 2020 et en 2021 pour cette collecte de fonds accompagnée de défis personnels liés à la santé et à la prévention, avec un résultat impressionnant !» salue le directeur général. L’opération, qui a franchi le cap du million en 2021, sera renouvelée au printemps 2022.

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