Les Québécois doivent mieux se concerter... comme les Allemands


Édition du 19 Mai 2018

Les Québécois doivent mieux se concerter... comme les Allemands


Édition du 19 Mai 2018

Par François Normand

Le délégation du Québec avait pour objectif au Hannover Messe de débusquer des occasions d’affaires, montrer notre ­savoir-faire et s’inspirer des meilleures pratiques afin de stimuler le manufacturier 4.0 d’ici.[Photo : © ­Deutsche ­Messe]

Le Hannover Messe, la plus grande foire commerciale de la planète, ouvre ses portes en ce lundi 23 avril. Des dizaines de milliers de participants découvrent les 6 500 kiosques consacrés au manufacturier 4.0 - ou « quatrième révolution industrielle » - répartis dans 27 bâtiments. Le kiosque du gouvernement du Québec est dans le 6e bâtiment.

C'est la première fois que le Québec expose au Hannover Messe. L'« îlot » du Québec fait environ une trentaine de mètres carrés, autour duquel on retrouve le comptoir de trois entreprises québécoises actives dans le 4.0 (VKS, APN Global et Kinova) et celui d'Investissement Québec.

La délégation québécoise - la seule représentation officielle du Canada - compte une soixantaine de personnes, dont des entreprises, des organisations patronales, des spécialistes en développement économique, ainsi que des représentants du gouvernement et des médias.

Toutefois, même si le Québec frappe un coup cette année au Hannover Messe, les Québécois ne présentent pas un front uni, car la délégation du Québec est scindée en deux groupes. Le premier est dirigé par le ministère de l'Économie, de la Science et de l'Innovation (MÉSI), tandis que le second est piloté conjointement par Investissement Québec et la Chambre de commerce du Montréal métropolitain.

De plus, tout au long de la semaine, rares seront les activités communes entre ces deux groupes. Cela dit, ils ont les mêmes objectifs au Hannover Messe : débusquer des occasions d'affaires, montrer le savoir-faire québécois et s'inspirer des meilleures pratiques afin de stimuler le manufacturier 4.0 au Québec.

Outre les nombreuses technologies exposées à la foire, plusieurs intervenants du Québec ont salué le niveau de concertation des différents acteurs de la société allemande (gouvernements, entreprises, universités, centres de recherche) pour stimuler le manufacturier intelligent. « Ce qui nous a drôlement impressionnés, c'est la collaboration dans l'écosystème allemand », laisse tomber Pierre Hébert, directeur du développement des entreprises au MÉSI. Même constat du côté du PDG d'Investissement Québec, Pierre Gabriel Côté : « Ce qui se démarque dans l'approche allemande, c'est la concertation des parties prenantes. »

Pas de politique nationale en Allemagne, mais une forte concertation

Le gouvernement allemand fait la promotion du manufacturier 4.0, comme l'a expliqué la chancelière Angela Merkel lors de la cérémonie d'ouverture de la foire. Plusieurs ministères sont impliqués, comme celui du Travail et des Affaires sociales (emploi, formation), de l'Intérieur (sécurité des données) ou de l'Éducation (soutien à la recherche), selon une étude de la Fondation Friedrich Ebert (« Germany's Industry 4.0 Strategy »). Par contre, il n'y a pas à proprement dit de politique nationale pour développer le 4.0 en Allemagne. On compte plutôt une variété d'initiatives émanant du secteur privé, d'associations industrielles, des milieux politiques et du domaine scientifique.

Si ces initiatives sont parfois en compétition, elles convergent toutes vers un objectif commun : accélérer la modernisation des entreprises manufacturières allemandes. Et les Allemands investissent des sommes colossales pour y parvenir. « D'ici 2020, la transformation numérique de l'industrie allemande devrait générer des investissements de 40 milliards d'euros [61,5 G $] », indique Claudia Grüne, gestionnaire en investissement au Germany Trade & Invest (GTAI), un organisme fédéral très actif dans la numérisation de l'industrie allemande.

Différentes initiatives au Québec

À son échelle, le Québec est aussi très actif dans la promotion du manufacturier 4.0. Le gouvernement investit 1,5 G $ sur cinq ans dans la stratégie numérique du Québec afin de permettre aux entreprises québécoises (tous secteurs confondus) d'entrer de plain-pied dans l'économie numérique.

Investissement Québec a son initiative manufacturière pour appuyer le manufacturier innovant à l'ère de la quatrième révolution industrielle, celle du 4.0. « Depuis un an et demi, nous avons investi 800 M $ qui ont généré 435 projets totalisant plus de 3 G $ », affirme Pierre Gabriel Côté.

D'autres organismes locaux déploient aussi diverses initiatives pour stimuler le manufacturier 4.0 au Québec, tels que le Centre d'excellence en productivité manufacturière, Développement économique Saint-Laurent, Québec International et Développement économique de l'agglomération de Longueuil. Ce dernier organisme lançait d'ailleurs le 11 mai un accélérateur d'entreprises numériques, qui se nomme 150:00 et qui sera fonctionnel fin juin. L'objectif est de favoriser l'émergence de PME qui développeront des technologies pour aider le virage 4.0 des entreprises québécoises, selon la directrice générale, Julie Ethier.

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