Le taux d’inoccupation se maintient sous la barre des 10% à Trois-Rivières et Saint-Hyacinthe. (Photo: 123RF)
IMMOBILIER COMMERCIAL. Moins de trafic, plus de stationnements, besoin plus important de sortir de la maison de la part des employés… quelques appels dans les différentes villes de la province permettent de constater que le sujet du télétravail ne semble pas y être aussi présent qu’en ville. Ce qui maintient les taux d’inoccupation des espaces de bureau à des niveaux très bas.
Bonne chance pour trouver un espace de bureau à Rivière-du-Loup, avertit le courtier immobilier commercial de l’agence GMCL, Renaud Pelletier. « Les meilleurs sont déjà loués. Et s’il y en a un, il trouve preneur généralement en moins de six mois. En fait, ceux qui stagnent sur le marché sont des espaces qui présentent quelques soucis et qui demandent un prix de location beaucoup trop élevé », explique le courtier. Il précise que les loyers des espaces de bureau se négocient autour de 14 $ à 15 $ le pied carré dans son secteur.
Les bons espaces de bureau sont également populaires à Trois-Rivières. Le catalogue des propriétés commerciales de la Société immobilière Duguay, dont 5 % sont constituées d’espace de bureau, n’affiche aucun espace du genre à louer, affirme son président fondateur Philippe Duguay. « Le mois dernier, un locataire a quitté un de nos espaces de 3000 pieds carrés. Le local a été reloué en quelques jours », indique le dirigeant.
Selon lui, un des facteurs qui explique la rapidité de location de ses produits, c’est le service clé en main que son entreprise offre aux locataires depuis sa création il y a 35 ans. « Une formule très appréciée par de nombreuses PME de la région qui peuvent consacrer une plus grande partie de leur budget à leurs opérations », dit le gestionnaire immobilier. Et la durée des baux ne diminue pas, tient-il à préciser. Certes, les baux d’une durée de trois et cinq ans demeurent populaires. Mais au cours des cinq dernières années, l’entreprise a négocié des baux de 15 ans avec certains locataires, notamment des secteurs de la santé et des finances.
Même son de cloche auprès du Groupe Robin, qui détient des espaces de bureau à Saint-Hyacinthe et Trois-Rivières, ainsi qu’aux Immeubles Gauvin, à Rimouski. Leurs taux d’inoccupation se maintiennent sous la barre des 10 %.
La fonction publique brouille les cartes
Toutefois, la situation semble plus dramatique du côté de Gatineau, voisine de la capitale fédérale, où le cœur du centre-ville est durement touché par la désertion des employés de la fonction publique. Selon l’agence CBRE, le taux d’inoccupation des espaces de bureau à Ottawa a dépassé les 15 % au troisième trimestre. Un record. Et la situation pourrait empirer.
Le Service public et Approvisionnement Canada (SPAC), qui gère les biens immobiliers du gouvernement fédéral et des agences fédérales, représente le plus grand locataire commercial d’Ottawa et du cœur de Gatineau. Or, compte tenu de la politique de travail en mode hybride mise en place dans la fonction publique fédérale, Paul Thompson, sous-ministre de SPAC, a annoncé un objectif de réduction de 50 % de la location d’immeubles dans le cadre d’un plan décennal.
La clé: la mixité
Depuis trois ans, l’équipe de la firme Côté Mercier service de données (CMsd) analyse les taux d’inoccupation d’une soixantaine d’artères commerciales réparties dans 11 régions administratives de la province. Résultat : au moins une quinzaine d’entre elles affichent un taux d’inoccupation sous la barre des 2 %. Parmi ces artères championnes, on retrouve notamment la 3e Avenue, à Québec, la route des Rivières, à Lévis, le boulevard Brien, à Repentigny, le boulevard des Récollets, à Trois-Rivières, ainsi que la rue Principale, à Saint-Sauveur.
Le facteur qui explique ces taux quasi plancher est simple. « Ces artères affichent une mixité équilibrée d’occupants qui regroupe des résidents, des commerces et des bureaux », soutient le directeur associé de la firme, Christian-Pierre Côté.
Cet expert en analyse immobilière signale que le taux d’inoccupation commerciale diminue en région depuis le retour au bureau. Selon l’étude de CMsd qui vient d’être publiée en octobre, le taux moyen des 63 artères qui ont été scrutées à la loupe se situe sous la barre des 4 % (3,8 %). Soulignons que les artères de l’Outaouais, notamment celles de Gatineau, n’ont pas fait partie de l’analyse de l’étude.
