Par Alejandra Maturana, Diaro Financiero (Chili)
TRAITEMENT DE L'EAU – Située en Polynésie, au milieu de l’océan Pacifique, l’île de Pâques est l’une des attractions touristiques les plus importantes du Chili. Les touristes affluent principalement en été, période à laquelle le manque de pluie et les températures élevées, en plus d’encourager la fête, entraînent une pénurie d’eau pour irriguer les cultures.
« Étant donné la diminution des ressources hydriques disponibles, les agriculteurs de la région doivent réduire leur production ou utiliser de l’eau potable pour irriguer leurs terrains durant ces quelques mois. Cela fait grandement augmenter le prix de leurs produits, ce qui les rend moins concurrentiels par rapport à ceux qui sont importés du continent », affirme Carolina Cuevas, chef de projet à la Fondation Chili.
Avec le soutien d’acteurs locaux, cet organisme vise à produire de l’eau d’irrigation grâce à des technologies d’énergie solaire.
L’experte explique que la première phase du projet a été une réussite, puisqu’ils sont parvenus à faire fonctionner une petite usine de dessalement d’eau de mer conçue par la Fondation en fonction des conditions propres à l’île. En effet, les côtes de Rapa Nui ont un niveau de salinité supérieur à celui des côtes du continent et, après les pluies, elles concentrent une grande quantité de sédiments suite au déplacement de la terre.
La mise en marche
Fin 2013, alors qu’elle présentait les progrès d’autres projets de dessalement menés par la Fondation Chili au nord du pays afin de produire de l’eau potable et d’irrigation pour des communautés isolées, Carolina Cuevas a été contactée par une secrétaire du Conseil de la production propre de l’île. Cette dernière souhaitait lui faire part du problème auquel ses habitants faisaient face et lui exprimer son intérêt d’y développer un projet similaire.
Cela a rapidement mené à la mise en place d’une équipe de travail qui a commencé à recueillir des informations pour élaborer une proposition leur permettant de rechercher des partenaires et de recueillir des fonds. Du financement a alors été obtenu du Fonds d’innovation pour la compétitivité du gouvernement régional de Valparaiso, dont dépend l’île de Pâques.
L’Office national des forêts (Conaf) leur a également cédé, pour y effectuer des essais, l’une de ses pépinières, consacrée au reboisement d’espèces natives et qui comporte près de 4 000 spécimens, certains étant des espèces endémiques, comme le Sophora Toromiro.
Ils y ont ainsi installé un petit prototype d’usine de dessalement capable de produire un mètre cube d’eau par heure. Ce prototype est capable de produire 70 % de l’énergie nécessaire à son fonctionnement grâce à un système d’énergie solaire. Cette usine leur a permis d’obtenir le premier verre d’eau dessalée adaptée à l’irrigation en mai dernier, et ils ont consacré les derniers mois à étudier ses performances.
« À l’heure actuelle, l’alimentation électrique des îles est basée sur le diesel et tout ce qu’il est possible d’obtenir à partir de sources renouvelables aide donc à remplacer ce combustible fortement polluant, en augmentant la durabilité du territoire », insiste Carolina Cuevas.
Produire à grande échelle, un défi important
Dans le cadre du projet, un petit prototype d’usine de dessalement capable de produire un mètre cube d’eau par heure a été mis au point. Ce prototype est capable de produire 70 % de l’énergie nécessaire à son fonctionnement grâce à un système d’énergie so
La pépinière de Conaf où les premiers essais ont été réalisés est petite, souligne Carolina Cuevas. La seconde phase d’implantation de cette technologie directement sur le terrain d’un agriculteur représente donc un grand défi.
De plus, les grands producteurs agricoles sont éloignés du réseau électrique. Il faudrait donc envisager une usine fonctionnant entièrement à l’énergie solaire ou une autre solution utilisant le même type de ressource pour traiter les eaux de moins bonne qualité.
Cependant, Carolina Cuevas affirme que plusieurs agriculteurs plus petits installés près du village pourraient utiliser un système similaire à celui de la pépinière, même si le but final reste de pouvoir tous les équiper.
« Actuellement nous sommes en train d’évaluer ce qui est le plus faisable et d’élaborer un projet pour avancer dans la seconde phase. Pour le moment, nous ne disposons pas de fonds et nous continuerons d’avancer dans ce sens jusqu’à en obtenir », affirme l’experte de la Fondation Chili.