[Photo : Benjamin Nantel]
BLOGUE. Voici donc que la société américaine Lowe’s, en quête de croissance au Canada pour rejoindre sa sempiternelle rivale, la société Home Depot, fait une offre d’achat non sollicitée pour acquérir RONA.
Le ministre des finances du Québec a rapidement réagi à cette nouvelle, affirmant que « Cette transaction n'apparaît pas être dans l'intérêt du Québec ni du Canada ». La Caisse de dépôt a fort judicieusement augmenté sa participation au capital de Rona.
Le gouvernement du Québec a mandaté Investissement Québec pour chercher les moyens de faire avorter cette tentative de prise de contrôle. C’est plutôt à l’Autorité des marchés financiers que l’on devrait s'adresser.
Rappelons que Rona, naguère société à propriété coopérative des marchands réunis sous cette bannière, a fait le choix de devenir une société cotée en Bourse selon le modèle le plus orthodoxe, chéri des banques d’affaires et des investisseurs de court terme : une action un vote, sans actionnaire de contrôle, donc vulnérable à la convoitise, soumis aux dispositions des commissions des valeurs mobilières canadiennes en matière de prise de contrôle non souhaité.
Or, au Canada, ces commissions se sont montrées plus favorables aux prises de contrôle que ce n’est le cas aux États-Unis, par exemple. Pourtant, la loi canadienne (et québécoise) stipule, et la Cour suprême du Canada a clairement énoncé dans deux jugements importants, que le conseil d’administration doit prendre des décisions qui sont dans l’intérêt de la société, et non l’une quelconque de ses parties prenantes, pas même les actionnaires. La logique voudrait que le conseil d’administration d’une société canadienne puisse évaluer une proposition d’achat à la lumière des intérêts de la société et de toutes ses parties prenantes et la refuser si telle est son appréciation. Or, il n’en va pas ainsi.
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