La magnitude de la rectitude

Publié le 08/03/2024 à 09:30

La magnitude de la rectitude

Publié le 08/03/2024 à 09:30

Une vue extérieure de Wall Street

À la Bourse, souvent, un ou deux titres seront de grands gagnants et procureront la majeure partie du rendement d'un portefeuille. (Photo: 123RF)

EXPERT INVITÉ. Si vous êtes comme moi, vous cherchez à avoir raison à tout coup lorsque vous investissez dans des titres boursiers. Votre plus grand rêve serait que chacun des titres que vous avez achetés au cours de votre carrière d’investisseur vous procure des rendements positifs.

Je vous dirais pourtant que c’est non seulement une impossibilité – personne ne peut avoir raison à tout coup – mais qu’il n’est probablement pas souhaitable qu’un tel scénario se réalise.

Je traite du concept de la «magnitude de rectitude» dans mon livre Avantage Bourse. L’exemple dont je me sers est celui de la Lettre financière COTE 100, basée sur un portefeuille réel qui existe depuis 1988. En 2013, nous avons publié à l’intention des abonnés un rapport intitulé «25 ans déjà». Dans ce document, nous avons procédé à la revue complète des 25 premières années de ce portefeuille réel, de ses bons coups comme des moins bons. Nous avons notamment recensé toutes les recommandations d’achat de titres que nous avons faites aux abonnés dans les quelque 300 numéros mensuels de la Lettre.

Bien que cet exemple date quelque peu, ses conclusions sont selon moi toujours valides. Sur 25 ans, en moyenne, de tous les titres recommandés et achetés, environ 30% nous ont procuré d’excellents rendements, dont quelques grands gagnants, 20% ont été de grands perdants qui nous ont fait perdre beaucoup d’argent, 25% nous ont procuré des gains modestes et 25% nous ont tout simplement fait perdre notre temps.

«Si vous trouvez que ce bilan est décevant, sachez qu’il a tout de même permis au portefeuille de la Lettre financière COTE 100 de réaliser un rendement réel composé annuel (sans frais de gestion) de 10,8% entre 1988 et 2012 (25 ans).»

C’est donc dire que, dans l’ensemble, nous avons eu raison un peu plus souvent qu’une fois sur deux: 30% des titres nous ont procuré d’excellents rendements et 25% nous ont procuré des rendements modestes. Le reste (45%) a été perdant.

Je tire deux conclusions de ces statistiques.

D’une part, lorsque vous aurez un titre gagnant dans votre portefeuille, gardez-le aussi longtemps que possible. Ne le vendez pas simplement parce qu’il vous a procuré un rendement arbitraire de 50% ou 100%.

D’autre part, lorsque vous serez convaincu qu’un titre est une occasion d’achat exceptionnelle qui rencontre tous vos critères de sélection, achetez-en pour la peine. Il faut autant de travail pour faire l’analyse d’un titre qui occupera 0,5% de votre portefeuille que d’un titre qui pèsera 5% du même portefeuille. Pourtant, si vous avez raison, le titre qui au départ représente 5% de votre portefeuille pourrait vous enrichir considérablement plus que celui qui n’occupe que 0,5%.

Le concept de magnitude de la rectitude me fait aussi penser que, du point de vue de l’environnement, chacun de nous devrait mettre ses efforts où le rendement potentiel est le plus grand, où ses efforts auront le plus grand impact positif («bang for the buck», comme le disent les Américains!) sur l’environnement. À ce sujet, je viens de terminer la lecture du livre «Not the End of the Word», de Hannah Ritchie (que j’ai coté cinq étoiles). Selon l’auteure, les actions d’un consommateur qui auraient le plus d’impact favorable sur notre planète seraient entre autres l’achat d’une auto électrique (ou, encore mieux, se déplacer à vélo ou marcher) et une réduction sensible de sa consommation de bœuf. Nous pouvons accomplir de nombreuses autres actions favorables à l’environnement, mais selon elle, ces deux actions procureront les plus grands bénéfices.

C’est comme à la Bourse. Souvent, un ou deux titres seront de grands gagnants et nous procureront la majeure partie de nos rendements.

Philippe Le Blanc, CFA, MBA

Chef des placements chez COTE 100 et auteur du livre Avantage Bourse

Sur le même sujet

Nvidia devient brièvement première capitalisation mondiale en Bourse

Mis à jour le 18/06/2024 | AFP

La valorisation du groupe de Santa Clara est montée jusqu'à 3333 milliards de dollars américains, selon l'AFP.

À surveiller: Guru, Empire et Quincaillerie Richelieu

Mis à jour le 18/06/2024 | Catherine Charron

Que faire avec les titres de Guru, Empire et Quincaillerie Richelieu? Voici des recommandations d'analystes.

OPINION Bourse: records en clôture pour Nasdaq et S&P 500, Nvidia première capitalisation mondiale
Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne
Les nouvelles du marché du mardi 18 juin
Mis à jour le 18/06/2024 | Refinitiv
Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l'ouverture mardi 18 juin
Mis à jour le 18/06/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

Blogues similaires

Banque du Canada: jusqu'à cinq baisses de taux d'ici juin 2025

14/06/2024 | Denis Lalonde

BALADO. Les données américaines sur l’inflation pourraient conforter la Banque du Canada dans ses baisses de taux.

Encore trop tôt pour sauter dans l’arène

Édition du 14 Juin 2023 | Dominique Beauchamp

ANALYSE. Les banques canadiennes pourraient rester sur le banc des pénalités quelque temps encore.

Une baisse des taux retardée?

21/05/2024 | Pierre Cléroux

EXPERT. Si plusieurs craignent une telle situation, il n’y a pourtant pas lieu de s’en inquiéter.