La palette des émotions semble infinie. Photo: DR
BLOGUE. Il y a des jours où tout va bien et rien ne parvient à atténuer notre bonne humeur. Mieux, il semble même que notre joie rayonne tout autour de nous, au point de rendre les autres souriants. Et il y a d'autres jours où tout va de travers et rien ne parvient à nous remonter le moral. Là, on a l'impression que tout le monde est maussade et que ça pourrait être de notre faute. Pas vrai?
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La question est la suivante : ces impressions sont-elles fondées? Oui, les émotions qui nous traversent sont-elles contagieuses? C'est ce qu'on voulu savoir sept chercheurs établis en France : Guillaume Dezecache, doctorant à l'Institut d'études de la cognition (IEC) de Paris; Laurence Conty, professeure de psychologie à l'Université Paris-8 de Saint-Denis; Michele Chadwick, doctorante à l'IEC; Leonor Philip, doctorante à l'IEC; Robert Soussignan, professeur de psychologie à l'Université de Reims Champagne-Ardennes; Dan Sperber, directeur de recherche émérite à l'Institut Jean-Nicod; et Julie Grèzes, directrice de recherche à l'IEC.
Dans leur étude intitulée Evidence for unintentional emotional contagion beyond dyads, ils ont procédé à une expérience très simple pour observer ce que ressent une personne lorsqu'elle découvre l'émotion qui envahit autrui. Ils ont demandé à 30 femmes de s'installer chacune dans un cubicule, face à un écran de télévision. Sur le visage de celles-ci ont été fixés les capteurs d'un électromyographe, capables de mesurer les courants électriques passant dans deux muscles, à savoir le grand zygomatique (qui nous sert pour sourire) et le corrugateur du sourcil (qui entre en jeu dès que l'on ressent de la peur). Puis, les participantes ont dû regarder 45 petits vidéos entrecoupés d'intervalles suffisants pour se remettre d'une émotion passagère, lesquels montraient des acteurs de l'École Jacques-Lecoq de Paris interprétant différentes émotions allant de la joie à la terreur.
Ce que ces femmes ne savaient pas, c'était qu'elles étaient filmées à leur insu. Et que le film de leurs réactions était montré simultanément à 60 hommes installés dans d'autres cubicules isolés, qui, eux aussi, avaient des capteurs d'électromyographe fixés sur le visage et étaient filmés à leur insu. Pourquoi, me direz-vous, d'abord que des femmes et ensuite, que des hommes? Parce que des études ont déjà montré, d'après les sept chercheurs, que les femmes sont plus expressives que les hommes dans leurs émotions, si bien qu'il était plus facile pour les hommes de bien décrypter chacune des émotions auxquelles ils étaient confrontés par écran interposé.
Le principe de l'expérience est donc le suivant : des acteurs filmés interprètent différentes émotions (c'est le film A) ; des extraits de ce film sont montrés à des femmes, qui sont à leur tour filmées (c'est le film B) ; enfin, le film B est montré à des hommes, dont les réactions émotionnelles sont enregistrées et filmées (c'est le film C). L'idée est de voir si l'on retrouve l'émotion de A chez C via B, et par conséquent si toute émotion est contagieuse, ou pas.
Résultat? Il est indiscutable…