Certains se posent en "curieux du spectacle"... Photo : DR.
BLOGUE. Que fait-on quand on s'en va? On écrit une lettre. Une lettre à ses proches, à ceux qu'on aime. Comme c'est – enfin! – mon tour de partir en congé d'été, en voyage à la découverte de nouveaux horizons, je vous adresse donc une petite lettre.
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Cette lettre n'est en fait pas de moi, mais d'Épictète. Elle s'intitule Le Monde est une foire et est tirée du livre Ce qui dépend de nous (Arléa, 2004). Pourquoi celle-ci, et pas une autre? Eh bien, parce qu'elle me semble riche d'enseignements pour qui se pique de management et de leadership. Comme vous allez vous en rendre compte par vous-même…
«Il en va un peu des affaires humaines comme de ce qui se passe dans une foire. On y amène bœufs et moutons pour les vendre ; la grande masse des humaines y vient, qui pour vendre, qui pour acheter. Mais il y en a quelques-uns qui viennent simplement pour voir la foire, comprendre comment elle se déroule, qui l'organise et dans quel but.
«C'est la même chose dans la foire où nous nous trouvons. Certains, comme des moutons, ne se soucient que de l'herbe. Idem, vous tous qui courez après les richesses, les champs, les serviteurs et le pouvoir, ce n'est que l'herbe qui vous intéresse! Mais, parmi les hommes présents à la foire, un petit nombre est là en curieux du spectacle.
«– Que peut bien être ce monde où nous vivons? Qui le gouverne? Personne? Mais alors, quand on sait qu'une cité, une famille ne peuvent subsister – ne fût-ce que quelques jours – sans un chef pour les gouverner et pour veiller sur elles, comment concevoir qu'une si vaste et si belle machine fonctionne aussi bien, sous l'effet du hasard et au petit bonheur? Il y a sûrement quelqu'un qui préside à son fonctionnement. Qui est-ce? Comment s'y prend-il? Et nous qui lui devons la vie, qui sommes-nous, et quelle est notre mission? Avons-nous avec lui une quelconque connexion, un rapport, ou non?
«Voilà ce qui préoccupe cette poignée d'humains. Dès lors, leur seule ambition, c'est de ne pas quitter la foire sans être renseignés sur sa nature. Et ils sont la risée du plus grand nombre, comme dans les autres foires où les marchands se moquent de simples spectateurs. Les moutons eux-mêmes, s'ils avaient une lueur de conscience, se moqueraient aussi de ceux qui s'intéressent à autre chose qu'à l'herbe…»
Voilà. Je vous laisse méditer tout cela. Prenez votre temps : on se reverra dans trois semaines…