Les deux chercheurs ont eu une intuition géniale, je n’ai pas peur de le dire. Ils se sont demandé si, pour faire une grande et belle innovation, il valait mieux réfléchir à partir d’une idée neuve ou plutôt à partir d’une idée ancienne. Prenons un exemple… Disons que vous souhaitez révolutionner l’industrie du chocolat. Bien. Pour ce faire, vaut-il mieux démarrer votre réflexion à partir d’une idée neuve pour cette industrie-là (ex. : «Et si on ne vendait pas le chocolat sous forme solide (tablettes, moulages en forme de lapin, etc.), mais sous une autre forme (mixtures liquides, vapeurs chocolatées, etc.)…»), ou plutôt à partir d’une idée ancienne (ex. : «Et si au lieu de toujours graver le logo de la marque du fabricant sur chaque carreau de chocolat on y gravait tout autre chose, de plus séduisant ou de plus rigolo…»). Vous voyez ?
Pour s’en faire une idée, MM. Packalen et Bhattacharya ont eu une approche passablement originale. Ils ont consulté – tenez-vous bien ! – tous les brevets scientifiques déposés aux Etats-Unis entre… 1836 et 2010. Plus précisément, ils ont effectué une analyse linguistique de l’ensemble des résumés de ces brevets, à savoir ces courts textes présentant l’objet et l’intérêt de l’invention déposée.
Le principe était simple : il s’agissait de repérer à chaque fois des mots ou des séquences de mots, et d’analyser leur fréquence. Et ce, décennie par décennie. Cela leur a permis, dans un premier temps, d’élaborer les palmarès des inventions ayant suscité le plus d’intérêt auprès des chercheurs de l’époque. Saviez-vous, ainsi, que le mot qui revenait le plus dans les brevets américains des années 1950, c’était transistor, que celui des années 1970, c’était microprocesseur, ou encore que celui des années 1990, c’était Web ? (Comme quoi, quiconque en aurait eu conscience à l’époque aurait pu prédire sans se tromper l’avancée technologique qui allait bouleverser le quotidien des gens durant la décennie suivante…).
Dans un second temps, cela leur a permis de voir si les inventions les plus remarquables – comprendre celles qui bouleversaient vraiment leur secteur d’activités – s’appuyaient au départ sur une idée neuve ou plutôt sur une idée ancienne. Autrement dit, si elles partaient de zéro ou si elles visaient initialement à améliorer ce qui existait déjà.
Qu’ont-ils trouvé de la sorte ? Ceci :