Comment s'y sont-ils pris pour vérifier cette hypothèse? MM. Borjas et Doran se sont penché sur une base de données fort intéressante, celle de l'American Mathematical Society (AMS). Cette dernière compile absolument toutes les études mathématiques enregistrées sur la planète, et ce depuis 1939. Elle permet donc, entre autres, d'évaluer très précisément la productivité de chaque mathématicien, tant du point de vue quantitatif que qualitatif (la qualité d'une étude peut être estimée en fonction, par exemple, du nombre de mentions faites par les pairs).
Les deux chercheurs se sont intéressé à un événement historique : à la fin des années 1980, le Mur de fer est tombé et l'URSS s'est désintégrée, si bien que 10% des mathématiciens soviétiques en ont profité pour fuir à l'Ouest, la plupart du temps afin de poursuivre leurs recherches au sein de grandes universités américaines. Leur interrogation : quel impact cet exode de cerveaux a-t-il eu sur les mathématiciens qui sont restés dans la Russie naissante? Leur productivité en a-t-elle pris un méchant coup, ou pas?
MM. Borjas et Doran ont considéré que les rencontres entre grandes pensées pouvaient se produire dans trois sphères :
> La sphère des idées. Cela a lieu lorsque les deux penseurs travaillent sur le même sujet.
> La sphère géographique. Cela a lieu lorsque les deux penseurs travaillent dans une même université, et mieux dans le même département de celle-ci.
> La sphère de collaboration. Cela a lieu lorsque les deux penseurs travaillent ensemble sur une étude.
Puis, ils ont regardé ce qui s'était passé au fil des années dans chacun des cas de figure, dans l'espoir de mettre au jour différentes corrélations entre productivité et séparation de deux penseurs.
Qu'ont-ils ainsi découvert? Ceci :