Toutes ces variables liées à la réputation, et donc à la carrière, figurent dans un modèle de calcul économétrique mis au point en 1999 par Bengt Holmström, professeur d'économie au MIT. Un modèle célèbre au sein de la communauté des économistes, que M. Martinez a eu l'audace de vouloir améliorer, en y ajoutant une variable supplémentaire : au lieu de considérer que l'employé effectue une tâche, ici, l'employé peut être amené à en remplir plusieurs à la fois; de surcroît, ces tâches sont appelées à changer au fil du temps, certaines devenant plus importantes et complexes, mais plus gratifiantes, et d'autres devenant moins importantes, au point parfois d'être complètement abandonnées.
L'intérêt de cette démarche? La version améliorée du modèle de calcul d'Holmström tient davantage compte de la performance, et de la qualité de celle-ci, de l'employé. Et par suite, de l'impact de la réputation sur la carrière de celui-ci.
Ceci fait, l'économiste de l'Institut du FMI a glissé son modèle de calcul dans un ordinateur et observé ce qui se passait pour l'employé qui cherche à faire évoluer au mieux sa carrière. Résultats? Incroyablement intéressants…
> Plus un employé a bonne réputation, plus il veut faire évoluer sa carrière. Dans un marché de l'emploi où la concurrence est rude, un employé a le réflexe de justifier la pertinence de l'employer, et mieux que ça, cherche à briller aux yeux de son employeur, voire d'autres employeurs potentiels. Il a dès lors tout intérêt, d'après les calculs de M. Martinez, à miser sur un point en particulier, le fameux "retour marginal", c'est-à-dire sur le "petit plus" qu'il peut apporter à sa productivité. Car cela fera croître sa performance, et donc sa réputation, puis son salaire, et enfin sa carrière.
> Plus un employé a mauvaise réputation, plus il se désintéresse de sa carrière. On assiste ici au même processus, mais en sens inverse. Sachant que son employeur compte de moins en moins sur lui, l'employé en fait de moins en moins, et ce qu'il fait, il le fait de moins en moins bien. Bref, il se démotive à la vitesse V.
M. Martinez en tire trois leçons fondamentales :