Or, ses précédentes études avaient fait sensation, en particulier celle intitulée Higher social class predicts increased unethical behavior et parue en février dernier dans le Proceedings of the National Academy of Sciences. Celle-ci montrait en effet que le fait d'être en haut de l'échelle sociale "déshumanise" les gens. Autrement dit, ceux-ci sont «moins soucieux de l'éthique, plus égoïstes, plus isolés des autres et font preuve de moins de compassion que les autres». Et ce, peu importe l'âge, le sexe, le groupe ethnique, la religion et l'orientation politique des participants.
M. Piff a effectué, pour découvrir cela, de multiples expériences : des questionnaires, des jeux en ligne, des quizz, des tests en laboratoire, d'autres sur le terrain, etc. Il a constaté que ceux qui se considéraient comme étant de «classe supérieure» avaient une plus forte tendance que les autres à prendre des décisions dont l'éthique était douteuse. Ils étaient notamment davantage portés à prendre des articles de valeur aux autres, à mentir lors d'une négociation, à tricher pour augmenter leurs chances de gagner et à approuver des comportements déloyaux au travail.
«Ce qu'on a découvert avec cette étude, c'est qu'avoir de l'argent nous mène à penser d'une façon particulière, et cette façon particulière — d'avoir un peu moins de compassion, un peu moins d'empathie — nous mènerait à avoir un comportement moins éthique», a expliqué à la Presse Canadienne Stéphane Côté, un professeur de comportement organisationnel et de psychologie de l'École de management Rotman qui a collaboré à cette étude. Et d'ajouter : «Ces résultats peuvent nous aider à mieux saisir le comportement de personnes comme Vincent Lacroix et Bernie Madoff, ou encore de politiciens corrompus».
«Cela étant, on ne dit pas que tous ceux qui ont plus d'argent, qui sont riches, qui ont plus d'éducation, sont nécessairement moins éthiques que les autres. On n'indique qu'une tendance», a-t-il dit, en soulignant qu'il y a «de nombreux exemples de comportement éthique de la part de personnes aisées, comme le mécénat».
Bref, ça vient un peu confirmer l'adage voulant que les bons gars finissent derniers. Un adage vérifié par une autre étude récente, intitulée Do nice guys – and gals – really finish last? The joint effects of sex and agreeableness on income. Celle-ci est signée par Thimothy Judge, de l'Université Notre Dame, Beth Livingston, de l'Université Cornell, et Charlice Hurst, de l'École de commerce Ivey.