Voilà pourquoi l'on a tout à gagner à en savoir un peu plus sur les samouraïs, et en particulier sur le plus célèbre d'entre eux : Miyamoto Musashi. Au 16e siècle, ce samouraï a réussi la performance de demeurer invaincu toute sa vie. Sentant ses forces décliner, il a décidé quelques mois avant sa mort de se retirer dans une grotte, et là, de rédiger un manuel de combat. Ce dernier – Le Traité des 5 roues (Albin Michel, 1983) – est devenu un classique de la littérature japonaise. Il donne une leçon de vie à méditer et mettre en pratique, car l'esprit du geste parfait, qui est recherché dans l'art du sabre, s'applique fort bien à la vie quotidienne comme à celle au travail, et même devenir un art de vivre tout court.
Quelques extraits vous en donneront un aperçu, je pense :
Se rénover
«Lorsque, au cours d'un combat qui reste à l'état de mêlée, rien n'avance plus, abandonnez vos idées premières, rénovez-vous en tout et prenez un nouveau rythme. Ainsi, découvrez le chemin de la victoire. Chaque fois que vous jugez qu'entre votre adversaire et vous tout grince, changez d'intentions immédiatement et parvenez à la victoire en recherchant d'autres moyens avantageux pour vous.
«Il est très important de savoir se rénover en pleine bataille. Ceux qui sont perspicaces peuvent aisément estimer l'instant propice de cette rénovation. Réfléchissez-y bien.»
Tête de rat et tête de bovin
«Lorsque, au cours d'un combat, votre adversaire et vous-même vous attardez à des choses insignifiantes et que vous êtes mêlés l'un à l'autre, ayez en tête constamment le proverbe de la tactique «tête de rat et tête de bovin» et remplacez vos idées petites par des grandes, comme si elles passaient d'une tête de rat à celle d'un bovin. C'est un principe de la tactique.
«Il est important que les samouraïs aient toujours en tête, même dans leur vie quotidienne, «tête de rat et tête de bovin». Dans la tactique, n'oubliez jamais cela. Réfléchissez-y bien. [Note du traducteur : Musashi conseille ici d'avoir à la fois la finesse du rat et la lourdeur du bovin.]»
Le général connaît ses soldats
«En pleine bataille, le général doit naturellement connaître ses soldats. Mais s'il acquiert une haute intelligence de la tactique, il sera capable de prendre ses adversaires pour ses soldats. Il s'efforcera dès lors de les manœuvrer librement selon sa volonté. À ce moment-là, il sera un grand général et ses adversaires seront ses soldats. Méditez bien là-dessus.»