Voilà. J'espère que vous saisissez maintenant un peu mieux ce qu'est la prohairesis, cette faculté que nous avons tous d'exprimer avec droiture notre individualité, mais que malheureusement nous utilisons si peu. En effet, soyons honnêtes et reconnaissons humblement qu'il nous arriver de procrastiner, ou encore de prendre des décisions importantes, mais biaisées par nos idées reçues. Pas vrai?
Et pourtant, à bien y réfléchir, il n'appartient qu'à nous d'en être autrement. Comment ça, me direz-vous? En en revenant à ce qui caractérise la prohairesis, et donc en exprimant davantage au travail ce qui nous est propre, soit :
1. Tenez davantage compte de vos émotions. Il est bon d'appuyer ses décisions sur la raison, pas sur une impulsion, c'est évident ; mais cela ne veut pas dire pour autant qu'il faille occulter les émotions qui vous traversent à ce moment-là, car la toute première intuition est souvent bonne conseillère.
2. Tranchez plus souvent. Trop souvent, nous balançons entre le «oui» et le«non», et reportons nos décisions à plus tard. Mille excuses nous viennent alors : on va recueillir davantage d'informations avant de nous décider, etc. Mais il ne s'agit là que de temporiser, ce qui ne sert en général pas à grand chose. Faites-vous plus confiance, et décidez une bonne fois pour toute!
3. Exprimez davantage vos opinions. En groupe, il nous arrive parfois de nous taire lorsque nous sentons que notre idée va à l'encontre de celles des autres. Pourquoi? Par respect, par souci de ne pas faire de vagues, etc. Bref, pour de mauvaises raisons. Le mieux est de dire le fond de votre pensée, car cela pourra déclencher une étincelle chez autrui, enrichir le débat, et peut-être mener à une trouvaille que personne n'imaginait jusqu'alors.
Convaincus, désormais? Si ce n'est toujours pas le cas, j'ai un dernier conseil pour vous : précipitez-vous, une fois de plus, chez votre libraire préférez et procurez-vous le livre de poche Ce qui dépend de nous (Arléa, 2004), qui réunit le Manuel et les Entretiens d'Épictète. Cela devrait vous permettre d'avancer à grands pas vers un peu plus de sagesse.
En passant, une toute dernière pensée d'Épictète : «Tout comme tu fais attention, en te promenant, à ne pas marcher sur un clou et à ne pas te tordre la cheville, fais attention aussi à ne pas faire de mal à ce qui dirige ton âme. En gardant cela en tête, tu feras plus sûrement ce que tu as à faire.»