Ainsi, M. Thomas et Mme Tsai ont procédé à quatre expériences dans le but de savoir si notre position physique par rapport à un objet avait ou non une influence sur notre perception de la complexité de celui-ci. Je ne vais pas décrire toutes ces expériences, mais me contenter d’aller à l’essentiel. Il a notamment été demandé à une centaine d’étudiants de Cornell de se placer devant un ordinateur et d’exécuter au mieux les tâches demandées à l’écran. Cela consistait, entre autres, à lire à voix haute des séries de lettres, lesquelles pouvaient être simples (séries de mots communs) ou complexes (séries de mots incompréhensibles). Surtout, tout le monde devait accomplir ces tâches en restant le dos bien appuyé sur le dossier du fauteuil (placé à distance fixe de l’ordinateur), et c’est là que réside toute la subtilité de l’étude : parfois, le dossier était incliné vers l’avant (ce qui rapprochait le visage de l’écran), parfois, il était incliné vers l’arrière (ce qui permettait de prendre un peu de recul), sans pour autant créer de grande gêne physique (cf. les illustrations de la page 56 du PDF).
Résultats? Spectaculaires! Quand il fallait prononcer des séries de lettres complexes, ceux qui étaient penchés en arrière trouvaient cela nettement moins difficile à faire que ceux qui étaient penchés en avant. En revanche, la position physique n’avait aucune incidence en ce qui concernait la tâche d’épeler des mots communs.
Plus encore, face à une tâche complexe, ceux qui bénéficiaient d’un peu de recul par rapport à l’écran de l’ordinateur ressentaient moins d’anxiété que les autres. C’est-à-dire que le simple fait d’être un peu éloigné de son ordinateur suffit à moins appréhender le moment où l’on va s’attaquer à un problème que l’on sait difficile à résoudre.