Le chercheur japonais s'est rendu compte que nombre d'études économiques recouraient à ce qu'on appelle le Big Five pour analyser le comportement des consommateurs. Le Big Five? C'est grosso modo un outil de travail des psychologues qui considère que notre personnalité repose sur cinq traits principaux, comme l'ouverture d'esprit et l'extraversion. Et il s'est étonné que si peu d'études économiques aient recouru à un autre outil, le Temperament and character inventory (TCI), surtout prisé, lui, des psychiatres.
Quelles différences entre le Big Five et le TCI, au juste? Le dernier estime que notre personnalité repose plutôt sur sept traits, à savoir :
- Quatre qui concernent notre tempérament : goût pour la nouveauté; hantise de la douleur; dépendance aux récompenses; persévérance.
- Trois qui concernent notre caractère : aisance avec soi-même; coopération; capacité à la transcendance.
Le but premier du TCI est de vite détecter des comportements "anormaux" des individus à qui l'on demande de remplir un questionnaire permettant d'évaluer chacun de ses sept traits de personnalité. Si bien que cet outil représente a priori un outil fabuleux pour les économistes puisqu'il peut rendre possible l'analyse des comportements brusques et spontanés des gens - comme la prise de risques dans le cadre du travail - alors que le Big Five semble avoir plus de pertinence pour l'analyse des comportements durables - comme les habitudes en matière de consommation -, selon M. Nagatsuka.
Curieux de voir ce que pouvait donner l'utilisation du TCI dans une étude économique, il s'est intéressé au comportement des gens lorsqu'ils participent à des enchères. Il a choisi une sorte d'enchères, soit celle à un tour sous pli cacheté : chaque enchérisseur remet au commissaire-priseur une offre sous enveloppe, lequel examine par la suite toutes les offres faites; l'emporte celui qui a fait l'offre la plus élevée (c'est là un procédé classiquement utilisé lors des appels d'offres pour les marchés publics, ou encore pour les droits miniers accordés sur les terrains de l'État).
Puis, il a concocté un modèle de calcul économétrique visant à déterminer les différents comportements des gens à une telle sorte d'enchères, en fonction de leurs traits de personnalité. Histoire de voir, par exemple, si quelqu'un qui rechigne en général à faire des efforts [faible persévérance] se montre déchaîné, ou pas, dans une enchère à un tour, ou encore si quelqu'un de prompt à se pardonner ses erreurs [forte transcendance] est plus disposé que les autres, ou pas, à faire des offres démesurées.
Résultats? Carrément passionnants :