L'intérêt pour les cinq chercheurs résidait dans le fait que CouchSurfing incite les utilisateurs réguliers de son site à créer des communautés locales, et donc à mettre en contact ces personnes voisines afin qu'elles se voient souvent en vrai, pas seulement virtuellement. Et ça marche. Ça marche même tellement bien que ces communautés locales se montrent très actives, comme en témoignent tous leurs contacts via le Web, contacts qui sont – comme tout ce que se passe sur le Web – enregistrés, répertoriés et analysés dans l'optique d'améliorer encore plus les services offerts par CouchSurfing. (Pour ceux qui n'en auraient pas encore vraiment conscience, rappelons que nous sommes entrés depuis plusieurs années dans l'ère du Big Data…)
On le voit bien, cette base de données était une manne pour les cinq chercheurs. Il leur était dès lors possible de regarder comment une personne intégrait une communauté locale, notamment si le moyen le plus efficace était de connaître déjà des membres de celle-ci ou si c'était d'avoir de la facilité à nouer des liens avec des étrangers.
Mmes Dakhlallah et Cook ainsi que MM. Parigi, State et Corten ont retenu un échantillon de 10 000 utilisateurs américains de CouchSurfing et ont étudié tous leurs contacts entre septembre 2003 et décembre 2010. Qu'en est-il ressorti? Deux constats fort intéressants…
> Plus on a de connaissances dans un groupe que l'on intègre, moins on s'y montre actif, et donc moins l'intégration est bonne.
> Plus on a de la facilité à nouer des liens avec autrui, plus on se montre actif au sein du groupe que l'on intègre, et donc plus l'intégration est bonne.
Par conséquent, la conclusion est simple :
> Qui entend bien intégrer une équipe doit miser sur son aisance à nouer des liens avec autrui, et non pas sur ses contacts préalables avec les membres de celle-ci.
En passant, l'écrivaine suisse Ella Maillart a dit dans La vagabonde des mers : «Où s'intégrer? C'est toujours le même problème et chacun d'entre nous doit y apporter sa propre réponse».