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C'est en discutant avec mon amie et partenaire Anne Marcotte que j'en suis venu à la conclusion que les entrepreneurs québécois sont très souvent d'excellents créateurs, mais sont moins souvent bons pour développer leur marque.
Comme on le dit souvent, les Québécois sont d'excellents «patenteux». Avec de la broche et du «duck tape», tout est possible!
Ça me fascine de voir à quel point certains concepts simples prennent une ampleur gigantesque au sud de la frontière tandis qu'ici, des concepts quasi identiques peinent à décoller.
Prenons l'exemple de Magnolia bakery. Rapelez vous cette fameuse pâtisserie devenue une véritable icône grâce à la populaire série Sex and the City. Depuis plus de dix ans, de l'ouverture à la fermeture, une file de gourmands et de curieux attendent d'interminables minutes afin d'acheter un de leurs fameux cupcakes. En quelques années, cette toute petite boutique est devenu un leader de l'industrie avec plus de 25 points de ventes aux États-Unis, au Mexique, en Corée, à Dubaï et j'en passe!
Attention, je ne dis pas que leurs cupcakes ne sont pas délicieux, mais ils ne sont pas meilleurs que ceux créés dans certaines pâtisseries d'ici. Pourtant, ils ont su se développer comme peu d'entreprises québécoises, dans la même industrie, ont pu le faire.
Je vous le donne, apparaître dans une émission suivie par des millions de fans peut effectivement donner un bon coup de main d'un point de vue marketing. Mais alors, comment expliquer les succès d'enteprises comme Starbucks ou Subway, qui on su bâtir un réseau planétaire sans avoir inventé quoi que ce soit?
Le fait d'être un village gaulois francophone entouré de près de 400 millions d'anglophones fait-il en sorte que nous nous ouvrons moins sur le monde?
Comment se fait-il que les crèmes glacées Ben and Jerry's ont su conquérir le monde quand tant de producteurs de crème glacée québécois peinent à sortir de la province? Pourquoi retrouve-t-on des bières de microbrasseries étrangères à profusion sur les tablettes de nos épiceries et qu'il est difficile de touver des bières de microbrasseries québécoises à Ottawa?
Je vous le donne, l'objectif d'un entrepreneur n'est pas toujours de vouloir conquérir le monde, cependant, la question demeure. Sommes-nous plus créateurs qu'ambitieux?
Après tout, créer un produit et faire croître une entreprise sont deux univers totalement différents. Le meilleur exemple pourrait être celui de la C Series de Bombardier. Nous avons pu créer un avion révolutionnaire, mais nous n'avons pas su le commercialiser.
Est-ce par manque d'incitatif à l'exportation? Est-ce à cause de la barrière linguistique? Est-ce par réflexe patriotique? Est-ce par éducation entrepreneuriale? «Sky's the limit» aux États-Unis, est-ce aussi le cas au Québec?
Ironiquement, à mes yeux, c'est la création qui est l'étape la plus difficile. Partir de rien et bâtir un concept ou un produit de grande qualité est extrêmement dur. Le commercialiser n'est pas facile, mais tout est possible si on est bien entouré et, surtout, bien préparé.
Je souhaite à nos entrepreneurs de continuer à être des créateurs hors pairs, mais je leur conseille fortement de penser un peu plus au développement de leur marque à l'extérieur de la province. Être fort chez soi c'est bien, mais pourquoi ne pas l'être aussi en dehors de nos frontières?
Un vent de changement se fait cependant sentir. De plus en plus d'entreprises québécoises réussissent à faire leur place à l'international et c'est tant mieux. Je pense aux boissons énergisantes naturelles Guru, ou à Couche-Tard, qui brillent à l'international. Cependant, il en faudrait plus.
Sortir de sa zone de confort fait peur et les risques d'une expansion internationale sont multiples. Je comprends tout à fait qu'on réfléchisse plus longtemps à développer en Asie qu'en Outaouais, mais je suis cependant convaincu qu'on serait collectivement tous gagnants de créer des succès «made in québec» aux quatres coins de la planète.