J’ai eu le bonheur d’être invité la semaine dernière par la Jeune Chambre de commerce de Montréal à discuter affaires avec Alex Bastide, le fondateur de la succulente chaîne de restaurants L’Gros Luxe. Lors de notre discussion, dirigée par l’excellent Gabriel Bran Lopez, une question à été posée afin de savoir ce que l’on ferait pour l’entrepreneuriat si on était responsable de ce dossier.
La question m’a immédiatement fait rêver. Imaginez une seconde avoir le pouvoir de faire une différence dans la vie de milliers de petits et grands entrepreneurs qui travaillent d’arrache-pied au quotidien. Avoir la chance d’entrer dans l’histoire comme étant celui ou celle qui, grâce à ses initiatives, a permis au Québec de devenir un leader en entrepreneuriat.
Nous avons tout pour réussir. Une économie relativement stable, un pays sans véritables tensions, des personnes brillantes, une qualité de vie exceptionnelle, de multiples idées créatives et innovatrices et j’en passe. Mais comment se fait-il que nous ne soyons pas déjà un leader en affaires ?
On pourrait discuter pendant des heures des raisons de notre retard en entrepreneuriat. Raisons politiques, historiques, religieuses, linguistiques, chacun aurait son point de vue.
Voici trois actions que je ferais si jamais j’avais la chance d’être responsable de l’entrepreneuriat au Québec.
Premièrement, y a-t-il un capitaine à bord ? Il y a un ministre de l’Économie, des finances, du travail, aux petites et moyennes entreprises, au développement régional…mais où est donc le ministre de l’entrepreneuriat ? Pour un sujet aussi important pour le Québec, il devrait définitivement avoir un chef d’orchestre qui serait responsable de tout ce qui touche de près ou de loin à l’entrepreneuriat. Un ministre de l’entrepreneuriat s’impose.
Je m’assurerais avec mes collègues ministres qu’il y ait cohérence entre nos efforts et ceux de la société civile et je créerais un plan quinquennal en m’associant avec les partis d’opposition, les syndicats, les jeunes et moins jeunes entrepreneurs, les chambres de commerce, le conseil du patronat… afin de tous s’entendent sur une direction claire, nette et précise à prendre. On ne peut pas travailler seul pour une cause aussi primordiale. L’entrepreneuriat n’est pas un enjeu politique, c’est un enjeu de société, tous doivent y participer.
Deuxièmement, je m’assurerais avec le ministre de l’Éducation qu’un cours obligatoire sur l’entrepreneuriat soit mis en place dès la première année du secondaire avec un rappel annuel lors de la journée de l’entrepreneuriat. Une journée où toutes les écoles au Québec, sans exception, parleraient d’entrepreneuriat pendant une journée entière sous la forme de formations, de conférences, de concours ou d’études de cas. Les entrepreneurs de chacune des régions seraient invités à y participer.
Troisièmement, je créerais un fonds en partenariat public privé afin de financer le démarrage d’entreprise. Les entreprises participantes bénéficieraient d’une déduction fiscale et prendraient avec le gouvernement tous les risques. Le modèle doit évoluer, nous devons innover. Le manque criant de financement est un frein majeur à notre futur entrepreneurial. Ce fonds prêterait sans garantie avec un taux d’intérêt suivant l’inflation. Certains pourront le rembourser, d’autres non. L’objectif n’est pas qu’il soit rentable à tout prix, l’objectif est de parier sur les jeunes entrepreneurs du Québec. En affaires il faut prendre des risques, et bien prenons-en!
Je pourrais continuer à vous parler de ce que je ferais pendant encore longtemps. L’entrepreneuriat coule dans mes veines et la cause trop importante pour ne pas s’y attarder. Une chose est cependant certaine. Tout comme en affaires, si nous voulons réussir notre pari et devenir des leaders, il va falloir le faire ensemble.