Finalement, l'entreprise fût réévaluée à la hausse avant de procéder à l'offre initiale, à plus de 4G$. Les actions ont donc été vendues à 45$. Le titre a clôturé aujourd'hui à 94$. Comme le titre a ouvert fortement en hausse (83$), les petits investisseurs ont payé le gros prix pour s'accaparer d'un petit morceau de cette entreprise prometteuse, alors que les gestionnaires institutionnels empochent de beaux profits! On crie à l'injustice. On s'abjecte du fait que les fonds mutuels aient pu acquérir le titre à près de 300 fois les profits, alors que les petits investisseurs ont dû payer entre 530 et 600 fois. Pendant ce temps, il existe plusieurs entreprises disponibles à moins de 10 fois les profits sur le marché!
Nous devons reconnaître que LinkedIn affiche une croissance des revenus exceptionnelle. Le titre mérite donc une évaluation beaucoup plus élevée que les aubaines que nous retrouvons sur le marché. Mais revenons à la disparité entre le prix initial et le prix en bourse. Est-il logique que les institutions aient payé 45$ par action, si le titre valait en réalité beaucoup plus? Lors d'une émission d'actions, les propriétaires de la compagnie cherchent à maximiser la rentrée d'argent grâce au financement public. S'ils avaient pu obtenir 150$ par action, ils l'auraient fait. Mais dans les faits, le prix de 45$ était probablement déjà très généreux. Comme les gestionnaires savent que les petits investisseurs s'attardent rarement à des calculs rationnels lors d'une nouvelle émission, ils ont sûrement été volontaires pour payer un prix plus élevé. Ils étaient bien conscients de la possibilité de rafler un gain à court terme.
Qui plus est, si on blâme les institutions de profiter d'un prix moindre, on devrait également blâmer le petit investisseur s'il avait eu la chance d'acheter au prix initial. Ce dernier aurait réalisé un beau profit, mais sur le dos d'un autre petit investisseur. On doit donc comprendre que la folie furieuse lors de telles émissions n'est créée que par les investisseurs eux-mêmes. On achète d'abord, on réfléchit ensuite. Cette tactique est si répandue que les institutions peuvent acquérir d'abord les actions à un prix presque raisonnable, pour les revendre tout de suite à un prix totalement insensé.