Lorsqu'une compagnie privée est vendue, le fondateur doit souvent se résigner à tout vendre, ainsi qu'à céder le contrôle à d'autres personnes. On peut difficilement imaginer un acheteur payer un commerce en entier, tout en laissant au vendeur le contrôle absolu sur ce même commerce. L'acheteur pourrait souhaiter dans certains cas que le fondateur reste en poste, afin de gérer les opérations. C'est d'ailleurs ce que fait Berkshire Hathaway lorsque la société procède à une acquisition. Néanmoins, le contrôle revient au nouveau propriétaire. Si le fondateur ne gère plus efficacement la filiale, M. Buffett verra à le faire remplacer.
Avec les catégories d'actions spéciales permises pour les sociétés publiques, nous assistons à une situation qui ne serait probablement pas tolérée dans le secteur privée. Il suffit d'une seule action votante, contre des milliards d'actions non votantes, afin de fournir le contrôle d'une société entière à un seul individu. Accepterait-on qu'un nouveau dirigeant qui vient de se faire embaucher demande de se faire émettre une action donnant droit à un nombre suffisant de votes pour prendre tout le contrôle d'une société? Pourtant, lorsqu'il s'agit des fondateurs, cela semble naturel.
Dans le cas où ces derniers souhaitent vendre une partie de leur entreprise, mais en garder le contrôle, le 50% des actions nécessaires constitue une mesure juste et équitable pour tous. Selon nous, par souci d'équité envers tous les actionnaires, les actions sans droit de vote et les actions multi-votantes devraient être illégales. Un fondateur devrait obligatoirement avoir à effectuer un choix entre conserver un important investissement dont il a le contrôle, ou céder une partie de ce dernier en échange de sommes substantielles d'argent. Et épargnons-nous le discours de la ''diversification''! Un dirigeant qui vaut plusieurs milliards de dollars sur papier et qui possède des centaines de millions de dollars en liquidités a-t-il vraiment besoin de diversifier ses avoirs afin d'assurer son avenir financier?