Les emprunts publics posent également un problème quant à la perception des investisseurs : on les croit nécessaires à une bonne gestion de portefeuille. Les obligations considérées les plus sécuritaires résident justement dans les dettes gouvernementales. Ainsi, un individu souhaitant percevoir des intérêts sans trop se soucier du risque de crédit optera pour des obligations d'un pays, d'un état ou d'une municipalité. Cette demande constante pour les instruments de crédit crée un statut de ''permanence'' à des véhicules financiers qui devraient en réalité être ''temporaires''.
Ainsi, on trouve tout à fait naturel le fait que la plupart des nations émettent de la dette sur une base régulière. Les pays jugés les plus sécuritaires versent des intérêts plus faibles à leurs créanciers, encourageant par le fait même la création perpétuelle de nouveaux emprunts publics. Pourquoi la cigale imiterait-elle la fourmi pensant qu'au prochain hiver on lui prêtera des provisions à des conditions favorables?
On voit donc qu'il existe deux grandes forces favorisant l'absence d'accumulation de réserves et l'accroissement de l'endettement public même lorsque tout va bien : l'intérêt des politiciens et l'appétit insatiable des investisseurs pour les obligations gouvernementales. Devant de telles forces, il est extrêmement difficile d'imaginer qu'un jour une majorité de nations fasse preuve de discipline. La tendance à la dépense demeurera donc importante.
Mettre des réserves de côté durant le beau temps s'avère crucial pour réussir financièrement sur le plan personnel. Au plan gouvernemental toutefois, pour qu'une telle discipline soit observée, il nous faudrait l'appui des électeurs ainsi que l'abstention des investisseurs pour la dette publique. Un scénario qui n'est pas près de se produire!
Au sujet des auteurs du blogue : Patrick Thénière et Rémy Morel sont propriétaires de Barrage investissement privé, une firme montréalaise de gestion d'actifs. www.barragecapital.com