La journaliste Lisa Miller a interviewé la transhumaniste Martine Rothblatt dans le cadre d’une session de South by Southwest. [Photo: Julien Brault]
Austin, Texas– Martine Rothblatt, un homme jusqu’à l’âge de 40 ans, n’est pas une femme comme les autres. À la tête d’United Therapeutics, elle était la pdg la mieux payée aux États-Unis en 2013, avec un salaire de 38 millions. Du reste, elle n’a pas lancé la société de biotechnologie pour faire de l’argent, mais pour trouver un remède pour sa fille, qui souffrait d'hypertension artérielle pulmonaire. L’avocate de formation y est parvenue et, en 2013, le médicament développé par United Therapeutics a été approuvé par la FDA.
On parle donc d’une personne qui a la capacité d’accomplir ce que beaucoup pourraient croire impossible. Durant sa conférence à South by Southwest (SXSW), qui portait sur l’immortalité, elle a soutenu vouloir créer son propre clone virtuel en accumulant dans un dossier, qu’elle appelle «mindfile», des courriels, des photos, et autres documents révélateurs de son identité. Elle est cinglée, vous pensez? Elle l’est sans doute un peu, mais la transhumaniste est loin d’être la seule à poursuivre cet objectif.
Le plus connu d’entre eux est le futurologue Ray Kurzweil, qui occupe présentement le poste de directeur de l’ingénierie chez Google. Contrairement à Martine Rothblatt, cependant, celui qu’on considère comme le père de la reconnaissance vocale n’a pas l’ambition de discuter avec son propre clone. Il voudrait plutôt créer un clone virtuel de son père, un chef d’orchestre décédé il y a plus de quarante ans. Pour parvenir à créer un logiciel possédant la mémoire et la personnalité de son père, il conserve chez lui des boîtes de lettres, de documents et de photos ayant appartenu à son père.
Ray Kurzweil a toutefois en commun avec Martine Rothblatt d’aspirer à l’immortalité, qu’il souhaite atteindre en téléversant en quelque sorte son cerveau sur Internet, comme le fait le chercheur Will Caster (Johnny Depp) dans le film Transcendence.
À défaut de pouvoir littéralement copier le contenu de son cerveau, le recours à une «mindfile» semble être la voix retenue par Martine Rothblatt. Aussi, elle m’a appris qu’il existe des services en ligne comme LifeNaut, qui permettent aux gens qui souhaitent se constituer une «mindfile» d’entreposer tous les documents pertinents à cette fin en ligne.
Martine Rothblatt, toutefois, considère que les géants technos comme Google et Facebook sont encore mieux placés pour fournir ce genre de services, puisqu’ils accumulent déjà cette information critique. Durant sa conférence, elle a soutenu espérer pouvoir un jour acheter sa «mindfile» auprès d’eux.
Admettant qu’on soit capable de créer grâce à l’informatique des entités conscientes, de telles entités pourraient sans doute avoir les apparences de l’humain dont elles ont analysé la «mindfile». Toutefois, difficile d’ignorer le fait qu’il y a une marge entre la personne qu’on affecte être dans nos courriels et sur Facebook, et la personne qu’on est en privé.
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