Le Montréalais Nadim Kobeissi, qui a bâti une plateforme de messagerie cryptée comptant 200 000 utilisateurs actifs, a besoin de 45 000 $ pour aller de l’avant. Cryptocat est déjà compatible avec la plupart des navigateurs et avec l’iPhone, mais son créateur veut aller plus loin. Si sa campagne sur Kickstarter atteint son objectif, il développera une application Android, optimisera son app iPhone pour l’iPad et ajoutera la voix et la vidéo au texte, jusqu’alors la seule manière de communiquer via Cryptocat.
Nadim Kobeissi ne rêve pas pour autant de bâtir la prochaine WhatsApp, acquise en février par Facebook pour la coquette somme de 19 milliards. « On ne vise pas à faire du profit, mais à offrir les communications chiffrées à tout le monde », m’a confié Nadim Kobeissi.
L’application Cryptocat, qu’il a programmée lui même, est gratuite, n’affiche aucune publicité et met son code source à la disposition de ses utilisateurs par souci de transparence. Les communications y sont toutes cryptées et les clefs sont conservées localement, de sorte que même si Jack Bauer torturait Nadim, ce dernier ne serait pas en mesure de lui fournir les données des utilisateurs de Cryptocat.
Si tout le monde semble avoir soif de ce niveau de confidentialité depuis les révélations d’Edward Snowden, la triste réalité est que le citoyen lambda ne semble pas prêt à payer pour un tel service. Dans le cas contraire, le site Web du réseau social montréalais Syme serait encore en ligne, BlackBerry roulerait sur l’or grâce à BBM Protected et Subgraph OS serait le prochain Linux.
Nadim Kobeissi, pour sa part, n’a jamais tenté de faire payer ses utilisateurs, mais ne pouvant pas recourir à la publicité, il doit trouver des sources de financement alternatives. Depuis 2012, Cryptocat a obtenu un financement de 184 000 $ en provenance de l’Open Technology Fund, un organisme visant à promouvoir la liberté d’expression… dont le financement provient – indirectement – du gouvernement américain.
Solliciter le grand public semble moins porteur, puisqu’une semaine après avoir lancé sa campagne sur Kickstarter, Cryptocat n’a amassé que 3 594 $ sur son objectif de 45 000 $. Il ne lui reste donc que 23 jours pour accumuler 41 406 $. Si l’objectif n’est pas atteint, les nouvelles fonctionnalités annoncées pourraient ne pas voir le jour. Toutefois, Nadim Kobeissi soutient que Cryptocat poursuivra ses activités quoiqu’il arrive.
Compte tenu du raz-de-marée créé par Edward Snowden, il serait curieux que l’application que l’informaticien avait utilisée pour fixer un rendez-vous à Hong Kong avec le journaliste Glenn Greenwald ne puisse pas obtenir une somme aussi minime. À moins, bien entendu, que ledit raz-de-marée en ait été un de paroles creuses.