De passage à Montréal mercredi, le capital-risqueur Jeffrey Bussgang a dévoilé les caractéristiques que lui et ses confrères recherchent dans un entrepreneur. [Photo: Julien Brault]
Lorsque Jeffrey Bussgang s’est joint à Flybridge Capital, à Boston, il s’est donné pour mission de faire preuve de transparence dans une industrie souvent opaque. C’est la raison pour laquelle l’associé du fonds en capital de risque a mis sur pied le blogue Seeing Both Sides et publié le livre Mastering the VC Game en 2011. De passage à Montréal mercredi, il a dévoilé les caractéristiques que lui et ses confrères recherchent dans un entrepreneur dans le cadre d’un petit déjeuner organisé par Investissement Québec.
1. Ils savent comment obtenir des introductions
Lorsque Jeffrey Bussgang était pdg d’une start-up du nom d’Upromise, il en est venu à la conclusion que le capital-risqueur légendaire John Doerr de Kleiner Perkins serait l’investisseur idéal. Il a alors identifié trois entrepreneurs qui avaient permis à John Doerr de réaliser un rendement intéressant, les a rencontrés, puis leur a demandé de l’introduire à John Doerr lorsque le moment serait propice. Une fois les trois entrepreneurs convaincus, il leur a écrit au même moment pour qu’ils lui accordent la faveur, de sorte que John Doerr a reçu trois introductions en même temps. La manoeuvre a attiré l’attention de Doerr et Kleiner Perkins a fini par investir dans Upromise. Pour Jeffrey Bussgang, il est essentiel que les entrepreneurs fassent des recherches de manière à identifier les fonds en capital de risque pertinents pour leur projet et, par la suite, d’identifier quels sont leurs associés qui pourraient être intéressés. Aussi, il va sans dire qu’il décourage fortement les entrepreneurs de contacter un investisseur sans obtenir une introduction au préalable.
2. Ils s’attaquent à un marché très très grand
Seule une faible proportion des nouvelles entreprises créées ont le potentiel d’intéresser les investisseurs en capital de risque, puisque ceux-ci cherchent avant tout les coups de circuit. Aussi, Jeffrey Bussgang estime qu’une start-up devra viser un marché d’au moins 500 millions pour intéresser les capital-risqueurs. La raison, a-t-il illustré, est bêtement mathématique. Il a donné l’exemple d’un fonds de 100 millions. Compte tenu des risques propres au capital de risque, ses bailleurs de fonds s’attendent à ce qu’il retourne 300 millions. Aussi, un tel fonds prendra des participations d’environ 15% dans quelques dizaines de start-ups, dont une grande proportion va fermer sans générer aucun retour. Malgré tout, les associés du fonds devront générer des sorties (appel à l’épargne ou vente) s’élevant à deux milliards de dollars pour générer un retour de 300 millions. Inutile de dire que, dans ce contexte, ils ne seront pas intéressés à investir dans une start-up qui a le potentiel d’être vendue 10 millions de dollars.
3. Ils ont un magnétisme irrésistible
Selon Jeffrey Bussgang, les bonnes idées se trouvent à la dizaine. De plus, il est rare qu’un entrepreneur qui a une bonne idée soit véritablement le seul à l’avoir eu. Aussi, Jeffrey Bussgang explique les investisseurs sont à la recherche d’entrepreneurs dotés d’un magnétisme qui leur permet de communiquer leur enthousiasme à des employés, des clients et des investisseurs. Ce magnétisme, il est essentiel de l’avoir selon Jeffrey Bussgang, puisqu’aucune start-up ne peut fonctionner sans obtenir une confiance quelque peu aveugle de toutes ces parties prenantes. Les premiers employés doivent croire que l’entrepreneur pourra les payer en obtenant des capitaux de risques; les premiers clients, que la start-up sera en vie assez longtemps pour supporter le produit, etc.