Brendon Lynch, directeur de la vie privée chez Microsoft, a expliqué à Les Affaires comment Microsoft compte s’y prendre pour empêcher le gouvernement américain d’espionner ses clients.
Ce n’est pas un hasard si Microsoft défie publiquement le gouvernement américain en refusant le plus souvent possible de lui remettre de l’information sur ses clients. Depuis les révélations d’Edward Snowden, l’entreprise a multiplié les initiatives pour rassurer ses clients en matière de confidentialité.
Récemment, l'entreprise contestait publiquement une requête légale du gouvernement. Brendon Lynch, directeur de la vie privée chez Microsoft, que j’ai rencontré à Redmond la semaine dernière, m'a expliqué pourquoi son employeur se comportait ainsi.
« Nous reconnaissons que les gens ne vont pas utiliser une technologie dans laquelle ils n’ont pas confiance et que les gens doivent prendre des décisions informées en matière de sécurité et de confidentialité lorsqu’ils choisissent une technologie », me confiait Brendon Lynch.
Afin de se refaire une virginité, Microsoft s’est ainsi engagée à encrypter les données circulant entre ses centres de données d’ici la fin de l’année. Selon Brendon Lynch, si le gouvernement américain a eu un accès massif aux données des clients de Microsoft, c’est en piratant les câbles de fibres optiques reliant ses centres de données. Selon lui, Microsoft n’a jamais donné au gouvernement un accès systématique aux données de ses clients.
« Si le gouvernement veut une information, il doit passer par le processus légal, soutenait Brendon Lynch. Et encore là, nous avons des politiques pour nous assurer que les requêtes portent sur des cas spécifique et qu’il ne s’agit pas d’une expédition de pêche. Nous allons continuer à nous battre pour nous assurer que ces principes soient respectés. »
Dans un billet de blogue, le vice-président aux affaires légales de Microsoft Brad Smith interpellait directement le gouvernement américain. Il lui demandait notamment de cesser de colliger des données massivement, de cesser de pirater ses câbles ou ses centres de données et de reconnaître qu’un mandat américain n’a pas de valeur légale à l’extérieur des États-Unis.
Cet enjeu n’en est pas qu’un de relations publiques, puisqu’il pourrait constituer un désavantage concurrentiel de taille pour toutes les entreprises technos américaines. Selon James Staten de Forrester Research, les révélations d’Edward Snowden pourraient faire perdre jusqu’à 180 milliards aux entreprises technos américaines d’ici 2016.
Ces révélations pourraient par conséquent constituer une occasion d’affaires pour des entreprises canadiennes comme CGI ou BlackBerry. Cette dernière tente d’ailleurs de se refaire une santé en offrant une version ultra-sécuritaire de BBM aux entreprises.