Austin Hill, pdg de Blockstream, voit si grand qu’il n’hésite pas à comparer sa start-up à Google. [Photo : Eva Blue, Creative Commons]
La start-up Blockstream vient de compléter une ronde d’amorçage de 21 millions dirigée par le co-fondateur de Linkedin Reid Hoffman. Ce dernier a investi à titre personnel dans la start-up montréalaise, qui s’est donnée pour mission d’améliorer le protocole bitcoin.
En tout, quelque 40 investisseurs ont participé à la ronde, dont le fonds montréalais Real Ventures, le fonds d’Eric Schmidt, Innovation Endeavors, et celui de Jerry Yang, AME Cloud Ventures.
Le pdg de Blockstream, Austin Hill, fait valoir que Real Ventures a été le premier investisseur à lui accorder sa confiance, dans les jours qui ont suivi la création de sa start-up en décembre 2013.
Ce n’est toutefois pas surprenant, considérant qu’Austin Hill était l’un des associés du fonds à l’époque où celui-ci s’appelait Montreal Startup. « C’est eux qui nous ont fait notre premier chèque, qui était une avance sur leur participation à notre première ronde », relate Austin Hill.
Blockstream devrait utiliser ce financement pour ouvrir des bureaux à Montréal et à San Francisco. Austin Hill, pdg de Blockstream, ne veut pas s’avancer sur le nombre d’emplois qui seront créés à Montréal. Il avance toutefois que l’entreprise devrait embaucher une quarantaine de personnes d’ici six mois.
Révolutionner l’industrie financière
Pour l’entrepreneur en série Austin Hill, Blockstream constitue en quelque sorte un match de revanche inespéré avec le système financier traditionnel. À l’époque où il dirigeait Zero Knowledge Systems, dans les années 1990, il avait investi, sans succès, dans le développement d’une monnaie virtuelle.
Aussi, Austin Hill ne s’est pas longtemps fait prier pour sortir de sa retraite, lorsque le cryptographe Adam Back, établi à Malte, est venu à Montréal pour lui proposer de devenir pdg : « Je profitais de ma retraite et je pensais que ma période start-up était derrière moi, mais quand j’ai vu sa technologie, j’ai été impressionné », relate Austin Hill.
Concrètement, Blockstream travaille au développement d’une fonctionnalité additionnelle à l’architecture bitcoin baptisée « Sidechains ». Ces «Sidechains» permettraient l’émergence d’intermédiaires purement logiciels entre les partis prenant part à une transaction. « Ultimement, illustre Austin Hill, la technologie permettrait aussi bien de gérer un système boursier, l’émission d’obligations qu’une devise nationale. »
Austin Hill espère que la technologie développée par Blockstream sera intégrée à l’écosystème Bitcoin. Considérant que plusieurs co-fondateurs de Blockstream sont d’importants contributeurs à son architecture décentralisée, c’est bien possible que le code de Blockstream finisse par y aboutir. Du reste, Austin Hill compte ouvrir cette technologie, de sorte que d’autres initiatives puissent émerger du code créer par Blockstream. Déjà, Austin Hill dit être en discussion avec des gouvernements qui s’intéressent au concept de monnaie virtuelle.
Quant au modèle d’affaires de Blockstream, Austin Hill avoue candidement ne pas encore l’avoir trouvé. « Pour l’instant, nos investisseurs sont satisfaits qu’on consacre nos efforts à la plomberie et ils ont confiance qu’on va trouver le moyen de générer des revenus. » Du reste, Blockstream ne serait pas la première société à but lucratif à développer du logiciel libre. Red Hat (Linux) et Cloudera (Hadoop), pour ne nommer que ceux-là, génèrent leurs revenus grâce aux services qu’elles offrent aux entreprises.
Du reste, Austin Hill voit si grand qu’il n’hésite pas à comparer Blockstream à Google. Pour lui, le concept de «Sidechains» constitue un changement de paradigme aussi important que l’émergence des standards TCP/IP et HTTP, qui sont à l’origine du Web : « Ces standards ont transformé à jamais les industries du détail et des médias, mais l’industrie financière [que Blockstream veut transformer] est beaucoup plus importante. »