Imaginez que vous demandiez à votre préado ce qu'il veut faire plus tard et qu'il vous réponde : «Je veux être intelligent». Il ne répond pas vraiment à la question... C'est avec cette analogie que Jean-François Barsoum a commencé à m'expliquer le concept de «villes intelligentes». M. Barsoum est consultant délégué principal chez IBM Canada. Dans le milieu, on le surnomme amicalement M. Smart Cities. Il conseille les municipalités sur les enjeux liés aux transports et à la gestion de l'eau, notamment.
Je lui faisais remarquer que le terme de «villes intelligentes» était un peu galvaudé actuellement. Toutes les municipalités se disent villes intelligentes ou veulent le devenir. Très bien en soi. Mais ça veut dire quoi exactement ?
Revenons à notre préado qui se dit intelligent. Son intelligence est importante, certes, mais elle constitue un moyen d'obtenir des diplômes et d'atteindre un objectif : devenir avocat, médecin, pompier...
C'est la même chose pour le concept de villes intelligentes, explique M. Barsoum. «Une ville est intelligente si elle a avant tout un objectif clair, précis, particulier à atteindre.» Des exemples ? Londres qui a voulu se préparer pour des Jeux olympiques dignes de ce nom. Stockholm qui a souhaité réduire la congestion routière.
Au Québec, nos villes ont-elles de tels objectifs ? En tout cas, il y a celui de la revitalisation des régions. Une des solutions pourrait-elle passer par le concept de villes intelligentes et donc par l'installation d'infrastructures technologiques de pointe qui permettraient à tous d'avoir accès à Internet à très haut débit ? Comme l'explique notre manchette cette semaine, le Québec roule à deux vitesses. La bande passante est parfois ultra-rapide, parfois très lente selon les régions ou encore les quartiers. Il s'agit d'un problème majeur pour les entreprises qui sont privées d'outils technologiques pour être plus productives et pour croître.
Cela dit, pas facile d'être bien équipé sur tout le territoire. Au Québec, les principales forces du marché (Bell, Cogeco, Rogers, Telus, Vidéotron) dictent l'accès au service. Notez que dans certaines villes, comme Stockholm, les instances publiques ont décidé d'investir elles-mêmes dans les infrastructures pour offrir du très haut débit à tous, un accès presque considéré comme un droit.
À nous donc de réfléchir à cet enjeu crucial. «Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons mourir tous ensemble comme des idiots», a déjà dit un grand défenseur des droits civiques. Une réflexion et une citation de Martin Luther King pour faire de nos villes, ou plutôt de notre province, un Québec intelligent.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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