Je passe régulièrement dans le Vieux-Montréal, sur la rue Viger ou encore sur la rue Saint-Antoine. Chaque fois, la vue est saisissante. Les bâtiments du nouveau Centre hospitalier de l'Université de Montréal (CHUM) se dressent chaque jour un peu plus haut. Laissé à lui-même il n'y a pas si longtemps, le quartier respire aujourd'hui la modernité et la vie. Le Centre universitaire de santé McGill (CUSM) a accueilli ses premiers patients cette année. Le CHUM en fera autant l'an prochain. Même si les deux mégacentres hospitaliers ont été la cible de multiples critiques tant sur le plan de la gouvernance que sur ceux de la forme ou du financement, les projets ont avancé et les résultats sont maintenant tangibles.
Il y a toutefois un drôle de paradoxe. D'un côté, le secteur de la santé fait peau neuve avec deux super hôpitaux à la fine pointe de la technologie. De l'autre, notre manchette cette semaine nous fait part d'une dure réalité : les obstacles à l'innovation dans le domaine de la santé au Québec sont tels que les entreprises préfèrent vendre leurs dernières inventions... à l'étranger. C'est tout simplement beaucoup plus facile. Triste constat, n'est-ce pas ? La société québécoise a la réputation d'être créative, novatrice. Pourrions-nous au moins profiter de nos talents ?
Il y a évidemment des freins financiers, mais aussi un obstacle d'ordre psychologique. Il réside dans la peur du changement, avons-nous constaté. Adopter un nouveau produit, une nouvelle technologie, de nouvelles manières de faire est terrifiant pour l'homme qui, par nature, déteste avoir à s'adapter ou encore remettre en question ses acquis.
Accepter le changement demande à tout un chacun une ouverture d'esprit et beaucoup de courage. Bref, il va falloir faire un effort si en tant que société, nous voulons être crédibles et affirmer que le Québec est bel et bien une référence en matière de santé et d'innovation.
Les nouveaux centres hospitaliers nous donnent un formidable élan. À nous de démontrer que l'innovation en santé au Québec n'est pas seulement une innovation de façade.
Géraldine Martin
Éditrice adjointe et rédactrice en chef,
Groupe Les Affaires
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