[Photo : Benjamin Nantel]
BLOGUE. Si SNC-Lavalin voulait ouvrir la porte à la spéculation, elle a bien réussi mardi. Son communiqué laisse libre cours à nombre de scénarios et son silence radio n'est pas pour dissiper l'odeur: ça sent mauvais.
La société annonce qu'au cours de son dernier trimestre, 35M$ de dépenses ont été attribuées à des projets auxquels elles ne se rapportaient pas.
De quelle nature sont ces dépenses?
Pas un mot, pas une précision.
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Le moins pire des scénarios serait qu'on soit ici en présence d'une simple question comptable. Il est parfois difficile de décider si une dépense doit être passée aux dépenses courantes ou affectée à un projet et capitalisée. Si on l'affecte au projet et qu'on la capitalise, la dépense n'a pas à être immédiatement enregistrée. Dans cette situation, SNC ne ferait que prendre plus tôt une bouchée qui aurait pour effet d'augmenter sa rentabilité plus tard.
Mais, disons-le tout de suite, à 35M$ dans le trimestre seulement, c'est trop "d'erreurs de jugement" en même temps. Et on ne ferait pas venir à bord toute une équipe de juristes pour des ajustements du genre.
Odeurs de pots-de-vin
Il ne reste alors plus qu'un pas à faire pour évoquer le scénario beaucoup plus inquiétant d'une série de "pots-de-vin". Au plan comptable vous ne pouvez affecter un pot-de-vin à un projet, mais il faut tout de même que vos états financiers reconnaissent les dépenses encourues à quelque part.
Il faut être prudent avant d'aller trop loin sur cette voie. Même sur des revenus trimestriels de 1,5-1,7 G$, un montant de 35 M$ en pots-de-vin et faveurs apparaît un peu gros. C'est 2,3% des revenus totaux de l'entreprise et un peu élevé pour qui songe échapper à un vérificateur.
Mais, avec un titre qui plonge de 20%, à l'évidence plusieurs ne semblent pas écarter l'hypothèse.
On notera que la nouvelle arrive deux semaines après les congédiements de Riadh Ben Aïssa et Stéphane Roy, pour l'aide apportée au président Mouammar Kadhafi.
Monsieur Roy était vice-président contrôleur de la division infrastructure. Avec un titre long comme le bras (vice-président directeur Infrastructures, Eau, Géotechnique et laboratoires, Construction, et Entrepreneurs en défense), monsieur Aïssa était au haut de l'organigramme de SNC, au Bureau du président Pierre Duhaime.
Difficile de ne pas relier les derniers événements l'un à l'autre. Est-ce cela? Y a-t-il plus? Et si oui, qui savait?
Vivement plus de précisions sur ce qui se passe chez SNC-Lavalin.
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