Quel est le plan de match?
Évidemment, pour que cette valeur soit créée, il faut que le plan de match fonctionne.
Quel est ce plan?
En voici les grandes lignes.
-La Baie compte ouvrir sept nouveaux établissements Saks 5th Avenue au Canada, et 25 "outlets" (Off 5th), des magasins à escompte où s'écoulent à meilleurs prix les stocks qui n'ont pas trouvé preneurs dans les plus grandes surfaces. À titre de comparaison, Saks compte 41 établissements principaux et 67 outlets aux États-Unis. La direction dit vouloir rapidement entrer au Canada, mais l'horizon de temps pour l'ouverture de tous les établissements n'a pas été précisé.
- Il y a un pari Internet. Les activités de ventes en ligne sont bien développées par Saks aux États-Unis. La Baie n'offre pas vraiment de ventes de produits de luxe du genre en ligne au Canada. Le créneau pourrait être porteur.
- Il y a également un projet de transporter dans une fiducie immobilière les parcs immobiliers des deux entreprises. Certains analystes évaluent qu'à lui seul, le Saks 5th Avenue de New York pourrait valoir non loin de 1 G$ US (ce qui veut dire le tiers de la valeur de l'acquisition de 2,9 G$). Il n'est pas clair si cette opération est dans le calcul du remboursement de la dette ou si celle-ci sera remboursée uniquement à même la croissance de la rentabilité de La Baie et Saks.
- Il y a enfin les économies de coûts (100 M$), dont on a parlé plus haut.
Le plan fonctionnera-t-il?
Telle est la grande question.
On a personnellement de la difficulté à voir comment, avec son niveau d'endettement actuel, la société sera en mesure d'investir rapidement dans l'ouverture des nouveaux établissements canadiens.
Sauf si les immeubles sont vendus à la fiducie immobilière. L'opération allègerait alors grandement la dette. Mais les loyers augmenteraient aussi, et la rentabilité serait assurément affectée. Loblaw semble avoir réussi une opération intéressante et rentable pour elle. D'autres sociétés estiment cependant que le jeu n'en vaut pas la chandelle.
Deux autres points sont à peser.
-Pour que le plan fonctionne, il faut que l'avenue produits de luxe porte ses fruits. Or, il y a quelques années, le Groupe San Francisco avait aussi tenté d'attaquer au Canada le créneau du luxe avec ses Ailes de la mode. L'échec avait été retentissant.
- Il faut également que la rentabilité de La Baie continue elle aussi de progresser au rythme anticipé. Or, Target s'amène au Canada. Et même si plusieurs font valoir que le créneau visé est différent, quelque chose nous dit que des habitués de La Baie iront quand même y faire quelques visites et que les ventes de la Baie pourraient être sous pression dans les prochaines années.
Au final?
Le plan nous apparaît plus beau sur papier que ce qu'il risque d'être dans la réalité.
Cela dit, il faut également admettre qu'un rendement annuel composé de 15% sur cinq ans, laisse place à l'erreur. Un rendement moindre de moitié serait encore jugé potable.
Il est tentant de suivre Teachers. Mais le brouillard fait grandement hésiter.
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